Addiction classics : les études de Lee Robins sur l'usage d'heroïne des vétérans du Vietnam

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Addiction Classics : les études de Lee Robins sur l’usage d’héroïne des vétérans du Vietnam.

heroine-vietnamLes « Addiction Classics » reprennent les classiques de la littérature addictologique, les points que tout addictologue devrait connaître. Ce mois-ci, Addiction revient sur les études Robins sur les GIs américains partis au Vietnam. Pendant leur séjour, le taux d’usage d’héroïne était de l’ordre de 34% , avec un taux de dépendance de 20%. Dans l’année qui a suivi le retour des soldats aux USA, seuls 1% d’entre eux présentaient encore des critères d’addiction.

Les résultats de Robins se heurtèrent à beaucoup de critiques et d’incrédulité, car l’addiction était considérée (déjà à l’époque..) comme une maladie chronique définitivement « gravée » sur les individus. Comme souvent pour les articles qui ont marqué l’histoire de l’addictologie (on pensera aux travaux du couple Sobell), les auteurs ont été accusés de fraude scientifique, sans que cette accusation fût jamais démontrée.

En réalité, l’étude de Robins est l’une des premières illustration de la nature bio-psycho-sociale de l’addiction, qui est, comme on l’entend souvent, le fruit de la rencontre entre un individu, un produit, et un environnement. Ici le GIs, livrés parfois aux traumatismes des combats,  souvent à l’ennui, loin de leur cadre habituel de vie, ont développé pour une fraction importante d’entre eux des comportement de prise d’héroïne, produit facilement disponible sur place. De retour dans leurs foyers, l’environnement était différent et la plupart ont arrêté.

De nombreux parallèles peuvent être fait avec des questions beaucoup plus actuelles de nos sociétés. Par exemple, les conduites de binge drinking, fréquentes et quasiment « culturelles » dans certaines populations d’étudiants, s’estompent après 25-30 ans dans la grande majorité des cas, lorsque les individus se mettent à travailler et à faire des enfants. La fête n’est « plus leur truc ». Seule une faible proportion de sujets maintient un comportement d’usage d’alcool à risque voire évolue vers un vrai trouble d’usage.