ADDICTIONS COMPORTEMENTALES / Addictions sans substance : mythe ou réalité clinique ?

Au congrès d’addictologie de l’Albatros, le statut des addictions comportementales vis à vis des troubles liés aux drogues a été rediscuté.

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Accro au porno, addict aux paris en ligne, fana du jeu vidéo… et pourquoi pas chocolatomane, grand maniaque du sport ou du jardinage. Jusqu’où va l’addiction ? Abuse-t-on du langage lorsqu’on parle de ces dépendances sans substances, quand on sort du cadre de la consommation des drogues pures et dures ? La question était au cœur d’une présentation au congrès de l’Albatros, rendez-vous scientifique autour des addictions qui s’est achevé à Paris vendredi dernier.

Elle est aussi au centre des discussions de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), qui remet à jour sa classification internationale des maladies (ICD-11) et souhaite inclure dans la liste des pathologies mentales les troubles liés à l’usage excessif des jeux sur Internet. L’agence planche sur les addictions comportementales, sans produits, et se confronte à toutes les difficultés de l’exercice – car si tout est addiction, rien ne l’est vraiment.

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L’addiction aux jeux d’argent et de hasard (JAH), eux, ont fait leur apparition en 2014 dans le DSM-5, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux établi par l’Association de psychiatrie américaine. « Classifier le jeu pathologique (gambling disorder) comme une addiction aux substances facilite le diagnostic et le traitement », a plaidé à l’estrade Marc Potenza, qui participe par ailleurs aux groupes de travail de l’OMS.

Ces deux formes de dépendances – aux jeux d’argent et aux drogues (alcool, tabac cannabis, cocaïne …) – partagent plusieurs points communs, a-t-il détaillé dans sa présentation. La co-occurrence des deux consommations est fréquente, les parcours cliniques des patients, similaires : accoutumance, tentatives répétées de sevrage, rechutes, envie (urge), manque (craving)…

« Des travaux ont montré des ressemblances au niveau de la prise de risque et du système de récompense », a poursuivi le chercheur. Les deux profils de patients manifestent également des similitudes neurobiologiques ; des traitements médicamenteux contre l’alcoolisme ont pu être efficaces dans l’addiction aux JAH, et les thérapies psycho-comportementales, utilisées dans les troubles liés aux substances, fonctionnent bien sur le jeu compulsif.

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