Bande dessinée / L’incroyable histoire du vin de Benoist Simmat et Daniel Casanave

Alcool

 

Cette bande dessinée documentaire, publiée aux Editions des Arènes, et sous-titrée “De la préhistoire à nos jours, 10 000 ans d’aventure“, nous plonge dans l’histoire du vin et nous permet d’en savoir plus sur les civilisations qui ont croisé son chemin, celles qui ont commencé à faire pousser la vigne et ont développée un savoir-faire, et celles qui ont fait la promotion du fameux produit de la fermentation du raisin. Il ne s’agit pas dans ce récit ni de venter les bienfaits de cet alcool ni de faire la promotion de la culture vinicole, mais simplement de raconter et expliquer comment les hommes se sont emparés d’une liane qui poussait sauvagement pour la domestiquer et en faire une boisson universelle dont un ensemble considérable de pays en font une consommation loin d’être négligeable. Cette “incroyable histoire du vin“, qui traverse les cinq continents, elle celle aussi des techniques développées pour améliorer, conserver et acheminer une boisson qui a la bougeotte et voyagera précocement dans sa longue existence. Son histoire qui n’est pas uniquement celle des vignerons et du fruit de leur travail, mais aussi celle des hommes au pouvoir et des religions, quelles qu’elles soient, qui ont su l’apprivoiser, le mettre en avant, et se l’approprier comme bien religieux, économique et culturel national ou régional.

C’est le personnage de Bacchus, Dieu romain du vin mais aussi de l’ivresse (Dionysos chez les grecs), qui nous guide chronologiquement. L’histoire du vin commence en méditerranée dans l’antiquité il y a plus de dix mille ans. En Mésopotamie, la vigne finit par être domestiquée et le jus de raisin fermenté, aromatisé et additionné de miel ou d’huile, est beaucoup plus sirupeux qu’aujourd’hui. Il est coupé avec de l’eau et la boisson obtenue est beaucoup moins forte en alcool que de nos jours. Dès le début cette boisson sera associée aux Dieux, et les religions monothéistes, chrétiennes, juives et musulmanes, même si cette dernière la réservera à la vie dans l’au-delà, s’en sont emparées très vite et l’ont associée à ses rites et croyances.

Les Egyptiens, les grecs, les romains, les Gaulois, entre autres, ont su faire grandir les techniques de fermentation (alcoolique et malolactique), de conservation (ajout de souffre, bouchon en liège), mais aussi de stockage et d’acheminement (de la jarre au tonneau, en passant par l’invention de la bouteille en verre). Le vin n’est plus simplement du jus de raisin fermenté mais une boisson qui gagne en maturité en même temps qu’elle se complexifie. Le vin se prend alors au sérieux. Il n’est plus coupé, des terroirs sont identifiés, des appellations voient le jour, des normes sont établies, des propriétés et des personnalités se dégagent. Le vin devient un produit classifié de grande consommation à l’échelle planétaire et échappe petit à petit aux gouvernants et aux religions.

Même si sa consommation en Europe a globalement beaucoup baissé ces dernières décennies, gageons que l’appétence croissante de la Chine pour sa consommation, sa production et sa commercialisation massive à venir, lui laisse de beaux jours devant lui.

L’histoire du vin est celui d’une boisson alcoolique qui a su conquérir le monde entier en s’imposant dans les échanges commerciaux entre civilisations et ainsi participer d’une mondialisation qui complique la tâche des gouvernements quand il s’agit de mettre en place des politiques de contrôle et de se confronter alors aux groupes de pression. Entre désir de développement économique et de promotion d’un bien présenté comme “culturel“, et une lutte efficace contre les méfaits d’un psychotrope qui fait pas loin de 50 000 morts par an en France, le cœur, l’esprit et le porte-monnaie des gouvernements successifs balance en essayant désespérément de garder l’équilibre…

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