Cinéma / “Frères ennemis“ Un film de David Oelhoffen

Autres drogues

Cette fiction, sur les écrans depuis le 3 octobre, confronte deux amis d’enfance ayant grandi dans la même cité en région parisienne. Driss est inspecteur dans la brigade des stups, et Manuel est dealer de cannabis et de cocaïne. Il ont tous les deux la trentaine passée, célibataires avec un enfant, mais ont tracé des routes à l’opposées l’une de l’autre, quoique… Driss s’est fait embaucher à la brigade des stups pour sa connaissance du milieu et ses connexions dans la cité. Manuel fait parti lui d’un réseau de trafiquants et n’a jamais compris pourquoi son ami d’enfance a choisi lui la police. Il le vit comme une trahison. Il faut choisir son camp, flic ou voyou. Driss lui expliquera que ce n’est que dans ce travail d’inspecteur aux Stups que son visage, qui trahit ses origines, n’est pas un désavantage…

Tout se complique quand un ami proche de Manuel se fait tuer sous ses yeux, une balle dans la tête à un feu rouge, au moment où ils allaient tous les deux boucler une grosse affaire de deal. Cet ami était indic pour la brigade des stups sans que Manuel le sache…

Pas facile alors pour Driss, qui vient du même milieu que les trafiquants, et dont l’implication dépasse largement le cadre professionnel, de réussir à faire son métier tout en ménageant les susceptibilités des membres de sa communauté qui ont encore mal accepté ses choix professionnels. Driss est rejeté par son père qui ne veut plus lui parler, et par ses amis d’enfance qui se trouvent de l’autre côté de la frontière de la légalité et qu’il n’a pas ou peu croisés visiblement depuis son départ de la cité.

Driss enquête alors sur la mort de son “ami“ indic et accepte de renseigner au mieux Manuel qui lui cherche à se dégager d’une rumeur qui le désigne dans la cité comme le coupable idéal car présent au moment du meurtre de son ami. Sa vie est aussi en danger. Driss demande en échange à Manuel de poursuivre l’affaire de deal pour ainsi finaliser la traque d’un grossiste dont il poursuit la piste depuis un certain temps semble-t-il.

Même si Driss a choisi de servir dans cette brigade des stups et qu’il essaie de faire son travail avec professionnalisme, ses amitiés du passé le rattrape et le place en porte-à-faux. Il veut boucler son affaire car il a la pression de ses supérieurs, mais veut protéger Manuel au mieux. Les amis auront du mal à se retrouver et leur entente reste de circonstance. Elle ne repose quasiment que sur du donnant-donnant.

On est ici au plus près des hommes qui participent au deal, mais au plus près aussi de leur entourage. Bien au-delà de la routine d’un système où les chats courent sans fin après les souries qui, elles-mêmes, ne se font pas de cadeau, on comprend que les enjeux de pouvoir ou de reconnaissance ont souvent plus de valeur que le bien-être de chacun. Tout le monde profite de tout le monde dans une course au chacun-pour-soi et au sauve-qui-peut-ma-gueule, du moins à l’échelle de petits chefs de réseau.

Ici pas de belle bagnole, de belle baraque, de chaine en or et de liasses de billets. L’économie du trafic se limite à une économie de soutien de famille où même si l’argent peut tomber en quantité, il n’est pas dépensé de façon ostentatoire. Flics et voyous semblent vivre en apparence sensiblement la même vie matérielle. Ce qui différencie Driss de Manuel, c’est le choix qu’ils ont fait ou pas de sortir d’un environnement amical qui les oriente naturellement vers la débrouille et l’illégalité…

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