Cinéma / “Live by night“ un film de Ben Affleck

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C’est une adaptation cinématographique, forcément raccourcie, de l’œuvre de Dennis Lehanne Ils vivent la nuit (pour le titre français) que nous propose le réalisateur américain Ben Affleck. Live by night, sorti en salle le 18 janvier 2017 nous plonge dans le milieu de la pègre des années 20, temps de la prohibition de l’alcool aux Etats-Unis (qui s’étala de 1919 à 1932).

Joe Coughlin est le cadet d’une fratrie d’immigrés irlandais, et son père n’est autre que le capitaine Thomas Coughlin, chef de la police de Boston. Vétéran de la grande guerre qui l’a conduit à combattre en France, Joe décide à son retour du front de ne plus recevoir d’ordre de qui que ce soit et de suivre le chemin de la liberté en braquant des banques ou des speakeasy, institutions clandestines de vente d’alcool. Après avoir braqué l’une de celles tenues par le puissant parrain irlandais local, Albert White, il est mis en garde par ce dernier, mais n’en fait qu’à sa tête et ne se gène pas pour séduire sa maitresse. Suite à une correction sévère administrée par la mafieux irlandais et à un braquage qui a mal tourné, Joe, grâce à l’intervention de son père, n’écope que de trois ans de prison. A sa sortie, il propose ses services à Maso Pescatore, chef de la mafia italienne, dans le but de mettre à mal Albert White et de venger ainsi l‘assassinat de son amoureuse. (Dans le roman de Dennis Lehanne, Joe fait la rencontre du mafieux italien en prison). Désormais au service de Pescatore, il est envoyé en Floride, à Tampa précisément, pour y gérer le commerce illégal de rhum fabriqué par des afro-cubains. Il s’éprend de Graciella Suarez (propriétaire, avec son frère, de la distillerie familiale) et réussit ainsi son assouvir son désir de se faire une place au soleil… Bien entendu, il aura fort à faire avec le puritanisme et racisme local, et devra lutter contre des membres du Ku Klux Klan mais aussi contre une jeune prêcheuse, ex-héroïnomane, qui combat le projet de Joe et de son supérieur italien d’installer un grand casino dans la ville pour préparer la fin de la prohibition de l’alcool.

Difficile d’échapper ici à la perversité et aux dégâts causés par la prohibition qui, en condamnant la fabrication et la vente d’alcool, entraine la montée en puissance financière d’une pègre qui, suite à l’abrogation du Voltaid Act (loi prohibant l’alcool) en 1932, se tournera naturellement vers la vente clandestine des narcotiques avec la puissance humaine et financière nécessaire pour faire tourner un réseau encore prospère au temps de la French connexion.

Les jeux d’argent, comme l’alcool ou l’héroïne, dont la jeune prêcheuse est une consommatrice repentie, sont présentés par les prohibitionnistes comme des instruments du mal pour détourner l’homme de sa spiritualité. Sous couvert de foi religieuse, tout est alors amalgamé : psychotropes et péchés, couleur de peau et perversion, de quoi constituer et faire prospérer le fond de commerce de groupuscules extrémistes et de ligues de tempérance de tout bord, et engendrer ainsi des “monstres“ qui grandissent sous cette bannière prohibitionniste et qui, en terme de violence verbale ou physique, n’ont rien à envier aux méthodes des gangs mafieux et à la concurrence sanglante à laquelle ils se livrent…

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