Décriminalisation des drogues : 5 questions pour comprendre le modèle portugais

Un texte de Louis Blouin, correspondant parlementaire à Ottawa et envoyé spécial au Portugal

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Qu’est-ce qui a poussé le Portugal à décriminaliser toutes les drogues?

À la fin de la dictature, la société portugaise est entrée dans une période d’expérimentation. Sans se méfier, mal informés, plusieurs ont essayé les drogues dures. En quelques années, les problèmes de dépendance se sont transformés en véritable crise de santé publique.

Dans les années 1990, 100 000 personnes étaient dépendantes de l’héroïne, soit 1 % de la population portugaise. Aucune classe sociale n’était épargnée.

« À cette époque, c’était pratiquement impossible de trouver une famille qui n’avait pas de problème avec les drogues », explique le Dr João Goulão, ancien médecin de famille et architecte du modèle de décriminalisation au Portugal.

En 2001, devant cette situation alarmante, le gouvernement portugais a décidé de prendre les grands moyens et de décriminaliser les drogues.

Comment cela fonctionne-t-il?

La décriminalisation n’est pas la légalisation. L’usage et la possession de toutes les drogues sont devenus des infractions administratives, et non plus des crimes. Les trafiquants sont toujours considérés comme des criminels, mais pas les consommateurs. Les toxicomanes sont dorénavant traités comme des malades.

Toute personne prise avec une petite quantité de drogue, jugée équivalente à moins de 10 jours de consommation, est convoquée devant un panel de dissuasion. Médecins, travailleurs sociaux et psychologues évaluent la consommation de la personne et décident des mesures à prendre.

Le comité peut simplement décider de fermer le dossier, d’imposer des travaux communautaires ou une amende, ou encore de recommander des traitements.