DROGUES / Un des principaux objectifs de la politique de prévention est de retarder l’entrée dans les consommations

Interview de François Beck,directeur de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Sociologue et statisticien, il travaille depuis plus de vingt ans sur les conduites addictives. Nous faisons ici le point avec lui sur la prévention des comportements des adolescents en matière d’addiction.

Alcool

Pouvez-vous d’abord nous préciser quels « produits » sont concernés ou étudiés et ce que l’Observatoire entend par « conduites addictives » ?

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies est un groupement d’intérêt public qui a pour objet d’éclairer les pouvoirs publics, les professionnels du champ et le grand public sur le phénomène des drogues et des addictions. Depuis plusieurs décennies, le champ de la politique française sur ce thème ne se limite plus aux seuls produits illicites. Nous travaillons donc à la fois sur les substances classées comme stupéfiants (cannabis, cocaïne, MDMA/ecstasy, héroïne…) mais aussi sur les produits licites tels que l’alcool et le tabac et même les médicaments psychotropes qui peuvent être très présents chez certains usagers de drogues. Depuis quelques années, sont apparues des dizaines de substances, les « nouveaux produits de synthèse », qui sont des déclinaisons moléculaires des drogues « classiques » et ne sont classés sur la liste des stupéfiants que lorsqu’on a pu établir précisément les risques afférant, achevant ainsi de complexifier le paysage. Ce sont par exemple les cannabinoïdes de synthèse ou les cathinones.

Mais, au moins autant que la substance, c’est le comportement qui importe, le type d’usage qui peut varier en intensité et en fréquence, être récréatif ou non.

Enfin, depuis quelques années, pour dépasser l’approche par produit et faciliter un abord commun face aux drogues et aux addictions, on parle de plus en plus de conduites addictives. Les consommations de drogues sont concernées mais aussi des pratiques et des comportements identifiés comme pouvant devenir problématiques : jeux vidéo, usage d’Internet, jeux d’argent et de hasard…

Quelles sont les particularités des adolescents dans leurs conduites addictives ? Y entrent-ils pour « faire comme les autres » ? Ont-ils des addictions différentes des autres classes d’âge ?

L’adolescence constitue une période à part compte tenu du nombre de changements qu’elle induit ou annonce : physique (puberté), scolaire (fin du lycée et éventuellement études supérieures), professionnelle (début de la vie active ou chômage), familiale (départ du domicile parental, mise en couple…).

Constituée de transformations, d’initiatives, de tentations et de transgressions et c’est une période au cours de laquelle le jeune passe progressivement de l’influence de sa famille à celle de son groupe d’amis. Souvent un adolescent va essayer un produit parce qu’il rencontre une opportunité et qu’il existe une certaine pression des pairs, mais les motivations à poursuivre ou non un usage vont ensuite être très différentes. C’est ce que les sociologues appellent une « carrière » dans l’usage des drogues.

Parmi les pratiques concernant particulièrement les jeunes, il faut signaler la familiarité aux écrans des adolescents nés depuis qu’internet et l’offre d’écrans en tous genres se sont généralisés ; elle est sans commune mesure avec celle observée dans les autres tranches d’âge de la population. Cette fréquentation, si elle constitue une ressource culturelle et sociale immense, doit être cadrée car elle peut éventuellement déboucher sur des comportements problématiques.

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