Essai / “Le pouvoir sur ordonnance“ de Tania Grasnianski

 

Cet ouvrage, sous-titré “Ces drogués qui ont fait le XXème siècle“, nous plonge au cœur du secret médical de huit chefs d’état illustres qui ont fait l’histoire du XXème siècle, à savoir Hitler, Churchill, Pétain, Franco, Mussolini, Kennedy, Staline et Mao. Ces hommes d’état ont tous eu affaire avec des médecins, restés dans l’ombre du pouvoir, mais dont l’importance était loin d’être négligeable étant donné la place centrale qu’ils occupaient plus ou moins malgré eux. C’est en quelque sorte à travers leurs ordonnances, ou du moins du récit de leur présence au plus près de ces chefs d’état que Tania Grasnianski nous raconte leurs liens avec des hommes dont la position politique ou guerrière, et la nécessité parfois de devoir supporter des douleurs physiques ou psychiques, a nécessité la prise de psychotropes, en quantité plus ou moins importante. L’ouvrage questionne la place de ces médecins, leur légitimité et surtout l’influence qu’ils ont pu avoir sur la santé de leur patient et donc leur capacité à gouverner.

Pour commencer, Tania Grasnianski nous raconte l’histoire d’Adolf Hitler et de son plus fidèle serviteur médical, à savoir le Docteur Theo Morell, qui accompagna le chef d’état nazi dans quasiment tous ses déplacements avec une armoire à pharmacie pleine à craquer de stimulants, opiacés ou stéroïdes…

Winston Churchill était accompagné lui de Lord Moran qui s’évertua en vain à faire baisser la consommation d’alcool et de cigares du chef d’état britannique, mais lui administra des amphétamines pour lui redonner des forces…

Concernant le Maréchal Pétain et son médecin Bernard Ménétrel, ce sont surtout des rumeurs (plus que des écrits) qui parlent de prescription d’amphétamines comme la Benzédrine ou l’éphédrine…

Les rapports qu’entretenait Franscisco Franco Bahamonte avec son très jeune médecin Vicente Gil était plutôt paternels. Son docteur l’a accompagné toute sa vie, et il est dit que ce dernier administra à Franco, atteint de la maladie de Parkinson, un traitement à la L-Dopa, précurseur de la dopamine…

Benito Mussolini fut lui accompagné essentiellement par Georg Zachariae qui travailla en parallèle du fameux Docteur Morell recommandé par Hitler auprès du dictateur italien…

Max Jacobson, surnommé Docteur Feelgood, fut sûrement le plus connu des médecins de chefs d’état car il accompagna John Fitzgerald Kennedy mais aussi d’autres personnalités tout aussi connues. Atteint de la maladie d’Addison, Kennedy fut soulagé de ses douleurs par un médecin aux prescriptions amphétaminiques, ou autres psychotropes, très large…

Joseph Staline, gros fumeur et gros buveur, se méfiait lui de tout le monde, donc aussi des médecins. Il dut malgré tout faire confiance au Docteur Vladimir Vinogradov qui craignait à tout moment d’être exécuté pour empoisonnement…

Pour terminer, c’est le docteur Li Zhisui qui sacrifia sa vie personnelle pour se mettre au service de Mao Zedong, grand consommateur de barbituriques, mais surtout grand consommateur de sexe. Sa plus grande hantise : être impuissant…

Les duos présentés ici semblent incontournables tant les uns semblaient avoir besoin des autres et réciproquement. Il y a peut-être parfois du Docteur Knock dans certaines prescriptions, ce qui est de bonne guerre considérant les sacrifices que ces médecins ont dû consentir toutes ces années passées au chevet de leur “malade“ auxquels ils semblaient dévoués fièrement, mais dont ils ont du subir souvent les affres…

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