Essai / “Les drogues d’origine naturelle“ du Dr Kurt Hostettmann

 

Le chimiste suisse, professeur honoraire aux Universités de Genève, nous propose ici, aux Editions Favre, une réédition de ce tour d’horizon des plantes, champignons,… qualifiées de drogues car en capacité de modifier le fonctionnement du cerveau. On remarquera qu’une grande quantité de drogues connues et moins connues sont concernées. On peut cependant regretter que le tabac, ou même le café et le thé soient exclus de cet ouvrage, et qu’aucune allusion à l’alcool, dont l’origine peut être un fruit ou une céréale, n’ait été faite. On remarquera que l’auteur s’est essentiellement attaché aux produits prohibés (à quelques exceptions près).

Le tour d’horizon de ces psychotropes passe inévitablement par les grands classiques que sont le cannabis, la coca et le pavot, mais il n’hésite pas à faire des détours par des drogues moins connues ou du moins par des produits naturels dont on aurait a priori eu du mal à les considérer comme des drogues. La noix de muscade, le safran et l’hortensia en sont des exemples. Les champignons (amanite tue-mouches et psilocybes) et cactus aux vertus hallucinogènes (peyotl et San Pedro) occupent une place importante. Des plantes comme le khat, le betel, le kawa et toutes celles qui font partie de l’attirail incontournable des sorcières du temps passé (Belladone, stramoine, mandragore et jusquiame), sont également présentées. C’est aussi le cas d’un ensemble de plantes ou produits hallucinogènes comme l’ayahuasca, l’iboga, la sauge divinatoire ou le LSD pour les plus connus. Même certains crapauds auront leur mot à dire…

Toutes ces plantes, champignons et autres… occupent une place non négligeable dans l’histoire des civilisations primitives et contemporaines. Elles ont traversé le temps et ont participé à cette envie et besoin de l’homme de prendre du plaisir, d’apaiser ses tensions, de communiquer avec la nature et les esprits dans un objectif thérapeutique ou spirituel, et d’échapper aux contrariétés quotidiennes en entrant dans un état plus ou moins modifié de conscience qui peut aller de la simple ivresse à l’anesthésie totale ou partielle.

Entre remède et poison, “se faire du bien“ et “se faire du mal“, où se situe le bon dosage ?

L’auteur ne se contente pas, dans cet ouvrage de vulgarisation, d’essayer de répondre à cette question ou de simplement décrire les plantes et leurs effets, il nous raconte aussi l’histoire de leur utilisation, la manière dont elles se sont inscrites dans une culture et surtout, pour beaucoup d’entre elles, comment elles ont donné naissance à des produits finis dont on oublie parfois que leur origine se trouve dans la nature depuis la nuit des temps. On pense notamment à la cocaïne contenue dans la coca (feuilles du cocaïer chiquées depuis des millénaires) ou la l’héroïne dérivée de la morphine, opiacé contenu dans l’opium, résine du pavot consommée également depuis des millénaires.

Le docteur Hostettmann ne passe pas non plus à côté des vertus thérapeutiques de beaucoup de ces plantes dont on peut regretter qu’elles ne soient, pour beaucoup d’entre elles, pas assez exploitées de nos jours, et ce malgré les connaissances scientifiques emmagasinées…

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