"La Colombienne", Un roman de Wojciech Chmierlaz

Autres drogues

Le préambule à cette enquête de l’inspecteur Mortka, publiée aux Editions Agullo, nous envoie sur les plages colombiennes pour siroter des cocktails alcoolisés en compagnie de jeunes gens sélectionnés en Pologne pour participer à une pub pour la boisson Coca-Cola. Un rabatteur leur a proposé de passer quelques jours aux Caraïbes pour tourner une pub aux frais de la princesse sucrée et caféinée. Le voyage est lancé, mais le tournage étant repoussé, une escale est faite sur les plages colombiennes. Le séjour est payé par la production : chambres, nourriture, et alcool à volonté. Mais bien entendu, les festivités seront vite écourtées quand on apprend que le tournage est annulé par manque de financement, et qu’il va même falloir rembourser les frais de séjour dans ce lieu paradisiaque… Le piège s’est refermé sur les jeunes gens. Seule solution, forcée, pour eux, ramener en Europe une certaine quantité de poudre blanche. Dans les bagages de chacun, trois bouteilles de vodka dans lesquelles, sans qu’ils le sachent, la cocaïne sera diluée…

Quelques mois plus tard, sous un pont à Varsovie, à deux ou trois mètres au-dessus du niveau de l’eau, un corps est retrouvé suspendu à une corde, « le ventre ouvert et les mains liées dans le dos… Visiblement pas en état de se faire ça tout seul. ». Un indice de petite taille est tout de même retrouvé dans une des mains de la victime : une cacahouète dans sa coque. Maigre consolation qui doit pourtant avoir un sens… La victime est identifiée. Il s’agit d’un homme d’affaire d’une trentaine d’années… L’inspecteur Mortka, chargé de l’enquête, sera invité à aller chercher du côté des connexions inévitables entre le narcotrafic et le milieu de la finance, avec des soupçons de blanchiment qui n’ont rien de bien surprenant… Malheureusement, les arcanes de ces milieux sont complexes. L’inspecteur et ses collègues n’avanceront qu’à tout petits pas en essayant de poser des hypothèses toutes aussi tordues les unes que les autres, et d’établir des liens parfois flous entre cet homme d’affaire, son associé, les jeunes passeurs polonais en Colombie, et une noix… Entre temps, une série de suicides de femmes du même âge, s’étant la donné la mort avec le même mode opératoire, complexifiera l’affaire… Trois assassinats complèteront le tableau macabre : un détective privé engagé par un photographe qui soupçonne sa femme d’infidélité avec la victime éventrée; la mère du détective privé; et pour finir le photographe tué à son tour… L’inspecteur Mortka devra se débrouiller de tous ces événements et de toutes ces informations pour démêler le fil bien emmêlé de cette affaire complexe qui ne s’éclaircira que très tardivement… Attention de ne pas avoir le tournis…

Cette enquête finit par révéler, s’il était encore besoin de le faire, les connexions douteuses entre le monde des affaires et le narcotrafic… Si vous ajoutez à cela un arrière fond de vengeance impliquant trafiquants, hommes d’affaire et jeunes femmes innocentes, vous obtiendrez un cocktail explosif qui n’est que la conséquence directe de cette histoire de passeurs de cocaïne entre l’Amérique du sud et l’Europe… Une globalisation du crime qui ne fait l’affaire que de ceux qui en commettent… Il est toujours bon de savoir que ce qui se passe au Mexique, en Colombie ou ailleurs ne reste pas outre-Atlantique. Les ramifications du narcotrafic sont intercontinentales et l’impact criminel peut débarquer sur le vieux continent bien plus vite qu’une traversée de l’Atlantique en bateau ou en avion. Sont déjà présents sur le sol européen les éléments systémiques et humains qui prendront le relais, profitant d’une mondialisation des échanges et de l’information, et ce à la vitesse d’une connexion internet…

 

Ce texte est la version courte d’un article paru dans le numéro #05 de le revue DOPAMINE

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