Plus de 50% des usagers d’opiacés norvégiens seraient intéressés par la naltrexone retard

La naltrexone est un antagoniste des récepteurs opiacés. Si elle est le plus souvent utilisée dans la dépendance à l’alcool, la naltrexone a été initialement développée pour la dépendance à l’héroïne.

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opiacesLa naltrexone est un antagoniste des récepteurs opiacés. Si elle est le plus souvent utilisée dans la dépendance à l’alcool, la naltrexone a été initialement développée pour la dépendance à l’héroïne. Dans cette indication, elle doit être initiée après une période préalable de substitution, avec l’objectif de permettre une désensibilisation des récepteurs opiacés et ainsi une réduction de l’appétence pour les opiacés. En pratique clinique, cette molécule est peu utilisée en France. Elle impose une stratégie d’arrêt total des opiacés, ce qui n’est pas toujours le souhait des patients. L’observance est souvent mauvaise, et, dans l’Hexagone, l’intérêt d’une désensibilisation à distance de l’arrêt des opiacés n’est pas toujours jugé nécessaire ni par le patient ni par le prescripteur.

L’utilisation d’une forme retard injectable tous les mois pourrait apporter à cette molécule les avantages d’une forme retard, en particulier sur les aspects d’observance et la réduction d’effet d’une reprise d’héroïne. Il reste à démontrer l’efficacité de cette galénique, et il existe aussi des inconnus de sécurité, notamment sur le risque d’overdose en cas de reprise d’opiacés après l’arrêt de la naltrexone. Un certain nombre d’essais cliniques sont en cours. Reste à savoir ce qu’en pensent les principaux intéressés, les usagers de drogues eux-mêmes.

Cette enquête d’opinion réalisée chez plus de 400 usagers de drogues norvégiens révèlent que plus de 50% d’entre eux se disent « plutôt intéressés » ou « très intéressés » par cette option thérapeutique. 25% se déclarent en revanche « pas du tout intéressés ». Si elle passe les étapes scientifiques et réglementaires pour être commercialisée, la naltrexone retard sera donc peut-être un outil supplémentaire pour des ex-usagers voulant se donner une garantie supplémentaire d’arrêt prolongé des opioïdes.

L’enquête allemande auprès de usagers explorait par ailleurs les raisons rapportées par les usagers pour détourner un MSO. Les principales raisons évoquées étaient le manque de disponibilité de l’héroïne (38%) et le manque de place dans les centres de soins (21%). Ces données illustrent la pertinence des programmes de réduction des risques et des dommages dits « à bas seuil », qui prévoient l’utilisation d’héroïne ou buprénorphine injectable chez des populations ayant recours au mésusage de MSO, le plus souvent par défaut d’autres possibilités.

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