Roman / “Paname Underground“ de Zarka

 

Cette année, si le Prix de Flore a consacré un roman et un romancier dans une brasserie chic parisienne loin d’être underground, on peut espérer qu’il permettra à une littérature qui va chercher là où peu vont, dans le fond et dans la forme, de nouveaux lecteurs.

Ce récit à la première personne publié par les Editions Goutte d’Or est, d’après l’auteur, un mélange de fiction et de réalité. Mais il ne sert à rien de chercher à démêler le vrai du faux. Il suffit juste de se laisser guider dans ce Paris underground par un narrateur-auteur d’une bonne trentaine d’années qui connaît bien ce milieu et se base sur son expérience personnelle et ses connections pour nous le faire découvrir en grossissant parfois le trait au risque de faire fuir les lecteurs un peu trop prudes. Zarca ne veut pas nous impressionner ou nous choquer. Il veut juste nous raconter comment vit et fonctionne des univers et communautés, entre sexe, drogues et violence latente ou réelle, mais sans le Rock-and-Roll qui n’a pas a place dans ce récit qui tape dans le dur sans qu’une bande son trash n’ait besoin de l’accompagner.

“Paname Underground“ raconte le “off“ du “off“ des nuits parisiennes. C’est l’histoire d’un jeune auteur “Zarca“ qui, cherchant une idée pour son nouveau roman, décide d’écrire un guide sur ce qu’il connaît le mieux, à savoir l’underground parisien. Il parcourt Paris et nous trimbale, un peu forcé, dans ces lieux qui l’attirent, souvent cachés et inaccessibles, car réservés aux initiés, et ce à la rencontre de ces papillons de nuit mal-connus et souvent mal-aimés. « Paname Vice City, le guide de l’Underground parisien. Je pourrais consacrer un chapitre au bois de Boubou, un autre aux bars à putes de Pigalle, un à Bezbar, je pourrais sillonner la place de la Nation avec mon pote Bibo et son équipe de charclos, Azad avec les réfugiés afghans le long du canal Saint-Martin, Seb et les skins du 15, plonger avec mon pote Komar dans les catas, me rencarder sur la Chinese connexion de Belleville. »

Mais cette balade ne va pas être pour le narrateur une partie de plaisir car, à la sortie d’un combat de boxe clandestin, un inconnu tente de le tuer. Il apprend aussi que sa grande copine Dina est morte d’une overdose. La suite du roman va alors se transformer en enquête, et en quête de vengeance, prétexte à poursuivre la rédaction du guide.

Les psychotropes occupent une large place dans la récit, non seulement parce que le narrateur est poly-consommateur, souvent chargé de produit et sujet à la gueule de bois, mais aussi parce que les communautés croisées et lieux fréquentés sont eux-mêmes des espaces de consommations.

Tout y passe pour le narrateur : « Cette nuit, je me suis buté la tête. J’ai mixé de la chnouf avec de la MD et de la M-cat, fumé de la grosse skunk, bu du sky et du champagne, tapé un rail de j’ignore quelle substance, gobé un cacheton de Kamagra pour réussir à bander et humé du Jungle Juice. Mon pote Erik m’a pourtant défendu mille fois de coupler le Poppers avec les médocs pour la trique ».

Dans ce Paris Underground, l’usage de drogues semble être la norme. A aucun moment on essaie de choquer le lecteur ou de lui faire croire que tout ceci est, au combien, subversif.

La marge a son conformisme bien entendu, ses codes, ses règles, son entre soi, ses psychotropes aussi, propres à chaque milieu, à chaque communauté, et l’auteur a sa petite idée à ce propos. Dans un entretien, il explique : « La haute c’est la coke, les lascars le bédo, les gays de l’underground c’est la GHB, les Afghans c’est l’opium, les FAF, les stéroïdes, les vrais toxs, c’est plus le Skenan ou le crack. ». A chacun d’aller chercher dans ce récit où se situerait sa quête des paradis artificiels…

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