Roman / “Soleil rouge“ de Matthew McBride

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C’est sous les rayons du soleil rouge du comté de Gasconade, dans l’Etat du Missouri, que nous embarque Matthew McBride, romancier américain, qui après avoir longtemps vécu dans une ferme de cet état du Midwest des Etats-Unis, est désormais cultivateur de cannabis thérapeutique en Californie.

Sous la poussière des plaines arides de la région, se développe un trafic tentaculaire de méthamphétamine, dont toute la population connaît l’existence, et dont certains profitent en fabriquant, vendant ou usant, et souvent même les trois en même temps, ce dérivé amphétaminique, sans que la police locale ne se saisisse véritablement du problème. Les laboratoires clandestins, où la méthamphétamine est cuisinée, pullulent un peu partout, et élisent domicile dans des mobile-homes, garages, remises, ou chambre d’enfant en l’occurrence.

Les affaires tournent sans accro jusqu’au jour où un shérif adjoint, Dale Banks, bon père de famille volumineux, tombe, en fouillant la caravane d’un dealer, sur un magot tout aussi volumineux de cinquante deux milles dollars cachés dans la litière du chat. Il décide de s’en emparer en comptant bien le garder pour lui, sans mauvaise conscience, pour assurer les vieux jours de ses enfants : deux fils ados et une plus jeune fille handicapée. Bien entendu, il connaît les risques qu’il prend en s’emparant de cette somme mise en dépôt chez ce dealer violent et imprévisible, Jerry Dean Skaggs, pour le compte de ses associés, usagers-revendeurs du coin. Jerry Dean est aussi en affaire avec un plus gros morceau en terme de trafic, Butch Pogue, révérend auto-proclamé de sa propre “religion“ qui vit, depuis sa sortie de prison, avec sa famille élargie au sommet d’une colline, et fabrique de la méthamphétamine de très bonne qualité.

Le shérif adjoint Dale Banks cache cette importante somme d’argent chez son ami Olen Brandt, vieux fermier de quatre vingt un ans, qui se retrouve donc mêlé à cette affaire. Bien entendu, la chasse au fric et aux flics est alors lancée par l’association de malfaiteurs, Jerry Dean en tête, pour récupérer la totalité du magot…

Dans ce roman, le trafic ne vole pas très haut, car il reste la plus part du temps à hauteur d’usagers qui financent leur consommation par du deal local, et n’aspirent qu’à pouvoir se fournir à nouveau à moindre frais et ainsi s’anesthésier pour oublier une existence sans perspective excitante. La méthamphétamine, fumée mais aussi injectée ici, est fabriquée à partir, entre autres produits, d’ammoniac anhydre et de pseudo-éphédrine, son principe actif, achetés légalement dans les drugstores et revendus au marché noir par les consommateurs du coin contre une dose de ce fort stimulant qu’est la meth. Ici, quand on court après l’argent, ce n’est pas pour améliorer ses conditions de vie, c’est plutôt pour courir après le produit et se défoncer. La consommation d’alcool et de cannabis complète le tableau des usages récréatifs ou auto-thérapeutique.

Peu d’empathie ici malheureusement pour ces consommateurs de meth que Matthew McBride, dans sa note d’auteur, qualifie de “voyous dégénérés“. On se contentera d’un univers de western contemporain, avec ses bons et ses méchants, et ses produits psychoactifs parfois, pour ne pas dire souvent, diabolisés, en l’occurrence la méthamphétamine, qui fait son entrée en grande pompe depuis quelques années (à hauteur de sa prolifération sur le continent américain) dans la fiction littéraire et télévisuelle…

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