Série Télévisée / “Narcos : Mexico“ de Carlo Bernard et Doug Miro

Après trois saisons qui ont fait la part belle à Pablo Escobar puis au Cartel de Cali en Colombie, la sérieNarcos, diffusée sur la plateforme Netflix, change son angle de vue et nous embarque au Mexique dans les années 80 pour suivre l’ascension d’un autre grand baron du trafic, à savoir Miguel Ángel Félix Gallardo, originaire de l’état du Sinaloa, fondateur du cartel de Guadalajara, et père spirituel du fameux Joaquin El Chapo Guzmann, futur grand patron du Cartel du Sinaloa mais qui fera ses premières armes auprès de Gallardo et de son grand complice, Rafael Caro Quintero. Encore une fois, même si la série s’appuie sur la vérité des événements historiques, quelques zones d’ombre et le besoin de romancer, laisse de la place à la fiction. Quelques images d’archives ponctuent le récit.

Au début des années 80 le Mexique est une terre sur laquelle pousse en toute impunité, ou presque, le cannabis, mais aussi le pavot. Héroïne et cannabis font alors l’objet de trafic vers les Etats-Unis. Félix Gallardo et son associé Rafael Quintero, qu’il considère comme son frère, ont débuté dans le trafic local de cannabis au Sinaloa, mais ils voient plus grand. Gallardo réussi un tour de force, celui de rallier tous les chefs de clans des différentes plazas mexicaines (régions de production et de trafics) pour une mutualisation du narco-business. Il décide alors de poser ses valises à Guadalajara, la grosse ville où les affaires se font. Après avoir fait place nette et avec la complicité de la DFS (Dirección Federal de Seguridad), un service de renseignement corrompu, il prend ses marques et entreprend la culture intensive d’un cannabis, la fameuse sinsemilla, plus rentable car plus chargée en THC, son principe actif, grâce à une méthode de culture qui éloigne les plantes femelles des plantes mâles. Un champ de plusieurs centaines d’hectares sera planté avant que la DEA s’en mêle et le détruise en 1984.

La DEA justement, brigade des stups américaine, entre dans la danse de façon plus affirmée grâce à l’arrivée, en ce début des années 80, en provenance de Californie, d’un agent américain d’origine mexicaine, Enrique Camarena, dit Kiki. Celui-ci compte bien bousculer l’inertie patente de la cellule locale et ne pas se laisser bâillonner par la corruption qui gangrène un système policier et gouvernemental qui empêche toute intervention d’envergure et se limite à de l’observation. Kiki Camarena sera celui qui mettra tout en œuvre pour approfondir la lutte contre le trafic qui s’est contenté jusque-là d’accords bilatéraux de destruction superficielle de culture cannabique en laissant croire que cette lutte était intense et efficace. Bien entendue, ce combat mené avec zèle par les agents de la DEA sera vain, nous le savons désormais, puisque cette guerre à la drogue, quelque soit les moyens mis en œuvre, sera inefficace. Quand une tête tombe, une autre prend sa place. Un Cartel en chasse un autre, et quand c’est le trafic de cannabis qui est mis à mal, c’est celui de la cocaïne qui prend le relais.

Felix Gallardo se considérant comme un homme d’affaire d’envergure, ou du moins aspirant à l’être, il décide, après quelques années d’un cannabusiness florissant, de se mettre en cheville avec les colombiens, Pablo Escobar du Cartel de Medellin et les frères Rodriguez Orejueladu Cartel de Cali (qui font une courte apparition dans la série) pour faire passer leur cocaïne aux Etats-Unis. Ce sera le début de la montée en puissance des cartels mexicains qui submergeront les Etats-Unis de poudre blanche dans les années 90 et suivantes. Et quand ce n’est pas Gallardo, c’est El Chapo… Et quand ce n’est pas lui, c’est son fils… Et quand ce n’est pas la cocaïne, c’est la méthamphétamine ou l’héroïne…

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