Tabac – Place de la cigarette dans la société

 

Le tabac est une plante cultivée depuis plus de 3000 ans. Cependant, celui-ci était inconnu en Europe. Les européens fumaient par ailleurs des herbes pour des raisons médicinales ou de cultes religieux.

Une histoire de vertus, de taxes et de profits

En 1492, Christophe Colomb découvrit que les amérindiens consommaient du tabac sous diverses formes: cigares, bâtons creux remplis de feuilles de tabac hachées, de tabac à chiquer, de poudre ou encore de calumets. En 1493, lors de son second voyage, il en fit expédier à Charles Quint qui en fit la production à Cuba.
En 1520, les premières graines de tabac furent importées en Europe par le médecin du roi Philippe II comme remède universel.

En 1560, Jean Nicot Ambassadeur de France fit parvenir de la poudre de tabac à la reine Catherine de Médicis afin de soigner ses migraines. La frénésie tabac gagna la cour de la reine ainsi que toutes celles l’Europe. Le tabac rejoignit les étals des herboristes comme remèdes. On lui attribuait tout type de vertus. Le tabagisme connut son expansion dès le XVIe siècle au travers de la culture comme dans les pièces de Molière ou dans la comptine pour enfants “J’ai du bon tabac”. La normalisation de sa consommation avait débuté.

En 1621, Richelieu créa la première taxe tabac.  En 1642, le pape Urbain VIII menace d’excommunier les consommateurs de tabac.  En 1681, Colbert décrète “le privilège de fabrication et de vente de tabac” créant ainsi le premier monopole qui fut attribué à la Compagnie des Indes sa propre société.
En 1719, la culture du tabac fut interdite en France. Les régions ayant de grandes productions exportatrices en sont exemptées jusqu’en 1791.
Durant la période coloniale, le tabac eu un grand rôle. Il attisa les convoitises menant à divers conflits et participa à la colonisation et à l’esclavage des noirs qui était la principale main d’oeuvre dans les champs de tabac. On tue et on asservit pour le tabac

En 1830, les premières cigarettes manufacturées apparaissent en Espagne: les cigarillos. En 1845, la première machine à fabriquer les cigarettes apparaît.
La production de tabac est massive et la consommation de celle-ci ne cesse d’augmenter. Le mode de consommation privilégié reste la pipe. La consommation est principalement masculine. La cigarette ne connaîtra son essor que plus tard aux alentours de 1870. La société voit apparaître les propagandes du tabac vantant ses “vertus curatives” et promues par des médecins.

En 1910, les fume-cigarettes, longs tubes en or, argent, ivoire, ou plastique, deviennent un véritable accessoire de mode. Dans les années 30, des concours de Beaux Gestes apparaissent. Ceci participe à une vision plus glamour et plus chic de la consommation de tabac augmentant ainsi son pouvoir d’attraction.

Durant la Première Guerre mondiale, l’Etat distribue du tabac gris gratuits aux soldats, ce qui permet de généraliser sa consommation.
En 1926, l’Etat crée la SEITA (Service d’Exploitation Industrielle du Tabac et des Allumettes) dans le but de rembourser les emprunts de l’Etat grâce aux bénéfices de celle-ci.  L’Etat devient un organe de propagande du tabac afin de servir ses intérêts.

Manipulation et publicité

En 1929, le neveu de Sigmund Freud propose une théorie révolutionnaire de manipulation des foules au gérant de Lucky Strike en perte de vitesse suite à la crise économique. La publicité devient un moyen de propagande au Etat Unis.
A cette époque, une femme fumeuse était mal vue. Ils utilisent la volonté d’émancipation des femmes à leur fins en faisant penser que fumer c’est la liberté. Ils organisèrent donc un défilé de femmes jeunes et belles afin de faire « le buzz » dans les journaux et que la presse relaye cette image. Cela passe aussi par de nombreuses campagnes de publicité. Les instrumentalisations au coeur celles-ci sont nombreuses. Le monde médical et paramédical est au centre de ces dernières pendant fort longtemps. Les femmes que ce soit le côté émancipation ou le côté objet sexuel (présence de carte de femme légèrement vêtue sur les paquets de cigarettes ou sur les affiches publicitaires), les sportifs, les jeunes parents … tous eurent droit à des publicités qui leurs été destinées.

Durant la Seconde Guerre Mondiale, les GI, à qui l’on fournissait gratuitement des cigarettes blondes américaines, en distribuèrent à la population afin de fêter la libération. Permettant ainsi la démocratisation de la cigarette filtre inventée dans les années 30 ainsi que son lot de publicité. Le tout menant dans les années 50 a une croissance exponentielle du tabagisme dans la société et des maladies associées.

A partir des années 50, les premières études mettant en évidence tabagisme et mortalité apparaissent . Ces études ont bien souvent été tues ou minimisées. L’industrie du tabac finance la plupart des études allant jusqu’à soudoyer des scientifiques comme le révéleront plus tard divers scandales.

Durant les années 50 à 70, la cigarette est la norme. On fume partout et en toute circonstance. Les hôpitaux, les commerces, les cinémas, les bars…. Le tabagisme fait des ravages. La première cigarette se fume très jeune et devient un rite de passage à l’âge adulte. Cependant, les Etats ne s’émeuvent pas de la situation et laissent la population dans l’ignorance.

Réglementation mais surtout taxation

En 1976, la loi Veil interdit la consommation de tabac dans certains lieux à usage collectif et la publicité. Un message sanitaire fait également son apparition, contraignant la société a évoluer et permettant les premiers questionnements concernant l’usage du tabac. Pour la première fois, on observe  une stabilisation du nombre de fumeurs.

Cependant, les cigarettiers ont rebondi en utilisant des moyens détournés afin continuer leur publicité grâce au cinéma renvoyant une image glamour et sexy du fait de fumer, et au sponsoring.

Les lois successives eurent plus ou moins d’effets et il aura fallu attendre les années 2000 pour que le message devienne plus clair. Le tabac tue et il faut encourager les fumeurs à arrêter de fumer.

La taxation reste le moyen privilégié à ce jour appauvrissant la population de fumeur.

Notre société a évolué avec et en suivant le tabac. Le tabac fut un moyen de soigner, de conquérir , de pouvoir et d’influence, d’esclavage, d’expropriation, un vecteur de guerre… Ce fut aussi pour ses usagers un moyens de convivialité, d’intégration.

Un long chemin reste à faire.

Allison Agneray

 

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