Il s’agissait d’une enquête transversale menée en juillet 2022 dans le cadre du
National Poll on Healthy Aging (NPHA) de l’Université du Michigan.
L’enquête, administrée en ligne et par téléphone, a inclus
2 038 participants représentatifs de la population américaine des 50-80 ans (âge moyen : 63,6 ans ; 51,2 % de femmes). Environ la moitié (49,4 %) avaient entre 50 et 64 ans. La dépendance aux UPF a été évaluée à l’aide d’une version adaptée de la
Yale Food Addiction Scale 2.0, un instrument validé qui transpose les critères diagnostiques des troubles liés à l’usage de substances (DSM-5) à la surconsommation d’aliments. Les participants ont également auto-rapporté leur état de santé physique et mentale, ainsi que leurs sentiments d’isolement social. Des analyses distinctes ont été effectuées selon le sexe, en contrôlant l’âge, l’origine ethnique, le niveau d’éducation et le revenu.
Les résultats montrent que
12,4 % des participants répondent aux critères d’addiction aux aliments ultra-transformés. Ce taux est
nettement plus élevé chez les femmes (16,9 %) que chez les hommes (7,5 %), atteignant même
21 % chez les femmes de 50-64 ans. Le surpoids est fortement associé à l’UPFA : les hommes en surpoids ont une probabilité environ
19 fois supérieure (IC 95 % : 5,26-69,66) de répondre aux critères, et les femmes en surpoids une probabilité
11 fois supérieure (IC 95 % : 4,56-28,71).
La santé perçue apparaît aussi déterminante. Les participants (hommes et femmes) qui se déclarent en
moins bonne santé physique ont un risque accru d’UPFA : environ
× 2 chez les femmes (PR = 1,93 ; IC 95 % : 1,26-2,98) et
× 3 chez les hommes (PR = 2,99 ; IC 95 % : 1,70-5,26). De même, les personnes qui signalent une
mauvaise santé mentale ont des probabilités nettement plus fortes :
× 2,8 chez les femmes (PR = 2,78 ; IC 95 % : 1,79-4,32) et
× 4 chez les hommes (PR = 4,02 ; IC 95 % : 2,19-7,38). Enfin, le
sentiment d’isolement social est également corrélé : les femmes qui se sentent isolées sont
3,4 fois plus susceptibles d’être concernées, et les hommes
3,35 fois.
Les auteurs concluent que l’addiction aux aliments ultra-transformés est
relativement fréquente chez les adultes plus âgés américains, en particulier chez les femmes ayant grandi durant les décennies au cours desquelles la qualité nutritionnelle de l’alimentation américaine s’est détériorée. Ce trouble s’accompagne d’une
moins bonne santé physique et mentale, ainsi que d’une
vulnérabilité sociale accrue. Ces résultats suggèrent que les mécanismes addictifs liés aux UPF constituent un enjeu majeur de santé publique, notamment pour les générations exposées très tôt à ces produits. L’étude plaide pour une meilleure reconnaissance clinique du phénomène et pour des politiques de prévention qui ciblent la consommation d’aliments ultra-transformés dans les populations âgées.
En savoir plus :
Ultra‐processed food addiction in a nationally representative sample of older adults in the USA – Loch – Addiction – Wiley Online Library
Par
Benjamin ROLLAND