Un jeune Français sur dix se déclare dépendant à l’alcool ou aux drogues. Ce chiffre saisissant est au cœur du rapport annuel de la Cour des Comptes, consacré aux politiques publiques à destination de la jeunesse, publié ce mercredi 19 mars. L’institution tire la sonnette d’alarme, car la consommation hexagonale dépasse celle de nos voisins : 16,9 % des Européens entre 15 et 24 ans auraient consommé des stupéfiants dans l’année, contre 28 % des Français.
Dans ce contexte, la Cour des Comptes dénonce le manque «
d’ambition » des stratégies de lutte contre l’addiction et affirme la nécessité d’une réelle politique de prévention en la matière. Un discours offensif qui tranche avec l’approche gouvernementale sur la question. La dernière campagne anti-drogue, diffusée par le ministère de l’Intérieur en février dernier, sous la houlette de Bruno Retailleau, a irrité une grande partie du secteur de l’addictologie. Concrètement, en visant à
culpabiliser les consommateurs – plutôt qu’à les informer, par exemple, sur l’existence et le fonctionnement de structures de soins adaptées, le spot s’est révélé contre-productif. Or, la Cour de Comptes le rappelle, une campagne bien conçue peut avoir des effets bénéfiques. Ainsi, entre 2005 et 2009, un spot baptisé « Above the Influence », diffusé dans tous les médias américains, a permis de faire baisser la consommation de cannabis chez les jeunes.
Déceler les addictions et les prendre en charge très tôt
S’inspirer des bonnes pratiques mises en place chez nos voisins, c’est la grande préconisation de la Cour des Comptes. A commencer par le programme danois de lutte contre les addictions, mis en place à partir de 2014. Baptisé MOVE, il table sur un accompagnement à long terme – un suivi de six mois, avec un rendez-vous hebdomadaire pendant 12 semaines – réalisé en continuant à vivre à domicile. Une alternative au sevrage effectué sur une période plus restreinte, au sein d’un institut médicalisé. Il contient aussi un volet d’aide à l’accès au logement et à la recherche d’emploi, afin de permettre une meilleure réintégration sociale. Enfin, il se distingue par la collaboration entre différents services en lien avec les jeunes (associations, clubs de sports…) pour déceler les addictions et les prendre en charge très tôt, avant l’apparition des symptômes les plus lourds. Le résultat est sans appel :
« la moitié des jeunes interrogés 21 mois après le début du traitement, ne consommaient plus de drogues et étaient mieux insérés socialement », pointe la Cour des Comptes. De quoi mûrir une approche de l’addiction plus volontaire en France ?
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