Les femmes boivent trop et de plus en plus mais les pouvoirs publics ne semblent pas s’en alarmer. Les conséquences sont pourtant encore plus graves pour elles que pour les hommes.
Premier constat, l’alcoolisme au féminin est particulier, différent de celui au masculin. Il touche plus particulièrement les classes aisées, alors que c’est l’inverse pour l’alcoolisme au masculin. Sur le plan de l’âge également, la consommation d’alcool n’est pas la même : chez les hommes, elle est la plus forte vers 18 ans, chez les femmes, autour de 27 ans. Ces dernières associent plus souvent que les hommes consommation d’alcool et médicaments. Et lorsqu’apparaissent des symptômes physiques (comme les tremblements) liés à une consommation excessive d’alcool, les femmes vont se rendre plus rapidement chez le médecin… sans pour autant évoquer leur problème d’alcool. Les médecins prescrivent alors assez facilement des psychotropes, sans se demander si ces problèmes sont ou non liés à une addiction. Enfin, au niveau de la fréquence de consommation, les femmes qui consomment trop d’alcool le font d’ordinaire plus régulièrement que les hommes.
Deuxième constat : les femmes boivent de plus en plus. Cette tendance se retrouve un peu partout dans les pays développés. Ainsi, en 2016, des chercheurs ont rassemblé les données de 68 études publiées dans 36 pays, comptabilisant en tout 4 millions d’hommes et de femmes. Ces études comprenaient des données recueillies entre 1948 et 2014 et incluaient les populations nées entre 1891 et 2000. Elles montrent que les hommes nés entre 1891 et 1910 étaient un peu plus de deux fois (2,2 fois) plus susceptibles que leurs pairs de sexe féminin de boire de l’alcool. Puis, au début des années 90, la parité est pratiquement atteinte : les hommes nés entre 1991 et 2000 étaient alors seulement 1,1 fois plus susceptibles que les femmes de boire de l’alcool.
Les tendances sont les mêmes en ce qui concerne une consommation problématique d’alcool, où l’écart entre les sexes est passé de 3 pour la génération 1891-1910 à 1,2 pour les personnes nées entre 1991 et 2000.
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