Buprénorphine sublingual et problèmes dentaires ?

Introduction : Il y a un an, la FDA, l’agence américaine des médicaments (l’équivalent de notre ANSM en France) a émis une alerte sur les problèmes dentaires en lien avec la prise sublinguale de buprénorphine. Alerte disponible ici : https://www.fda.gov/drugs/drug-safety-and-availability/fda-warns-about-dental-problems-buprenorphine-medicines-dissolved-mouth-treat-opioid-use-disorder Par problème dentaire, on entend les caries, les cavités, les infections buccales et la perte de dents qui peuvent être graves et qui…

Introduction :

Il y a un an, la FDA, l’agence américaine des médicaments (l’équivalent de notre ANSM en France) a émis une alerte sur les problèmes dentaires en lien avec la prise sublinguale de buprénorphine.

Alerte disponible ici : https://www.fda.gov/drugs/drug-safety-and-availability/fda-warns-about-dental-problems-buprenorphine-medicines-dissolved-mouth-treat-opioid-use-disorder

Par problème dentaire, on entend les caries, les cavités, les infections buccales et la perte de dents qui peuvent être graves et qui ont été signalés même chez des patients n’ayant pas d’antécédents dentaires.

Cette alerte est basée sur 305 notifications faites à la FDA dont 131 cas sérieux. Compte tenu du nombre de patients sous buprénorphine sublinguale, cet évènement indésirable reste rare malgré une sous notification très probable. La FDA conclut toutefois que malgré ces risques, la buprénorphine est une option de traitement importante pour le trouble de l’usage des opioïdes et la douleur, et que les avantages de ces médicaments l’emportent clairement sur les risques.

A partir de cette alerte, les auteurs nord-américains ont voulu connaitre l’impact de la forme comprimé sublingual de buprénorphine versus celle administrée par une voie transdermique (non disponible ne France) et un autre médicament opioïdergique : la naltrexone (indiquée dans l’alcool comme en France mais également dans le trouble d’usage des opioïdes, ce qui n’est pas le cas en France).

A noter que les opioïdes entrainent une hyposialie qui favorise les problèmes dentaires, mais cette étude compare l’effet de la forme galénique.

Résultats :

En étudiant plus de 21 000 patients sous buprénorphine sublingual, ainsi que plus de 5 000 sous forme transdermique et plus de 6 000 sous naltrexone, les incidences des troubles dentaires étaient de :

  • 21,6 pour 1 000 patients-année avec la forme sublinguale
  • 12,2 avec la forme transdermique
  • 10,9 avec la naltrexone.

Si on ne regarde que les caries, nous retrouvons :

  • 8,2 pour 1 000 patients-année avec la forme sublinguale
  • 3,5 avec la forme transdermique
  • 3,8 avec la naltrexone.

Discussion/Conclusion :

Cette étude semble donc confirmer que la forme sublinguale double presque le risque de problèmes dentaires versus la forme transdermique ou un autre opioïde (ici la naltrexone).

Les auteurs expliquent ce risque par la modalité de prise et l’acidité des comprimés. Comprimés qu’il convient de garde entre 5 et 10 min en bouche pour permettre son absorption et donc son efficacité. En effet, si le comprimé est avalé, son efficacité est quasi nulle.

In fine, les usagers d’opioïdes doivent être vigilants à l’hygiène buccodentaire et consulter régulièrement un dentiste. Ce message de prévention est d’autant plus important avec la forme sublinguale.

A noter cependant que l’étude ne compare pas la méthadone sirop telle que nous l’avons en France et qui contient du sucre pourvoyeur de trouble dentaire, ni la forme lyophilisat de buprénorphine qui ne nécessite que 2 minutes en bouche.

Un article de Mathieu Chappuy