Cannabis, le paradoxe français, un documentaire télévisé de Ali Watani

En France, le fameux paradoxe bleu blanc rouge et vert persiste et signe. Ce paradoxe fait de la France en même temps l’un des pays les plus prohibitifs et l’un des plus gros consommateurs de cannabis. La guerre à la drogue n’est jamais perdue tant qu’elle se poursuit, diront certains, au risque de faire toujours plus de victimes encore. Défendre à tout prix une prohibition, aveugle, c’est être sûr de ne pas être taxé de laxisme, mais c’est aussi décider de ne pas regarder la réalité en face. Même le cannabis à usage médical n’est pas encore certain d’être légalisé dans notre douce France qui a tellement peur de présenter la plante verte sous un jour favorable… Ce documentaire nous promènera, sans prendre parti, des deux côtés de l’argumentaire des pour ou des contre la vente encadrée du cannabis récréatif… Aux Etats-Unis, où 24 Etats ont déjà légalisé, on encourage la reconversion des anciens trafiquants en leur accordant des licences d’ouverture de coffee-shop, une façon de réparer les injustices d’une prohibition historique dont les premières victimes furent les minorités, stigmatisées pour leurs usages, puis dans le cadre du trafic… En France, on est encore bien loin de la légalisation. L’Académie de médecine, que le réalisateur questionne via l’un de ses membres, est catégorique : si l’alcool et le tabac font des dégâts sanitaires, pourquoi encourager la légalisation d’un troisième produit qui en ferait tout autant ? Serait-elle alors favorable à une prohibition totale de l’alcool, par exemple ? Gageons que si la proposition lui avait été faite, la réponse aurait été négative, culture viticole française oblige… Et si le cannabis, avec son million de consommateurs quotidiens, était finalement devenu culturellement bien installé en France ? Une chose est sûre, la culture du trafic se porte bien. Alors, à Marseille, par exemple, les mères de familles se mobilisent pour demander qu’on protège leurs enfants, victimes directes ou collatérales d’une violence que le commerce débridé de stupéfiants ne fait qu’aggraver. Une maman, en entretien informel avec un policier à la terrasse d’un café, se questionne : et si la légalisation était l’un des leviers pour endiguer cette violence ? Le policier, lui, ne se questionne plus : frapper plus fort encore, mettre encore plus de moyens dans la lutte contre les trafics, convaincu qu’il ne faut pas baisser les bras… Le dialogue de sourds se poursuit donc entre les tenants d’une idéologie prohibitive datée, et ceux qui, par souci de pragmatisme, étudient des alternatives pertinentes…

Thibault de Vivies, DopamineCity.fr