Cannabis : un essai suisse montre que l’accès au cannabis récréatif en pharmacie de ville permet de diminuer les niveaux d’usage et ses conséquences

Un essai publié dans Addiction.

Il existe différents modèles de légalisation du cannabis récréatif. Par exemple, en Uruguay, le cannabis est acheté en pharmacie. Ici, les auteurs ont mesuré les effets d’un accès au cannabis récréatif encadré par un dispositif de santé publique, par rapport à un accès au marché illégal, sur la consommation de cannabis et les effets connexes sur la santé mentale chez les consommateurs adultes de cannabis. Il s’agissait d’un essai contrôlé randomisé, ouvert, à deux bras et à groupes parallèles. Le suivi des résultats pendant 6 mois. L’étude a été menée à Bâle-Ville, en Suisse. Au total, 378 consommateurs de cannabis adultes (âgés de ≥18 ans) ont été recrutés et randomisés entre août 2022 et mars 2023, bien que seuls 374 utilisateurs ayant complété les mesures de base aient pu être inclus. Les participants ont été assignés au hasard au groupe d’intervention avec un accès au cannabis récréatif axé sur la santé publique dans les pharmacies (produits de cannabis réglementés, informations sur l’utilisation plus sûre, conseils volontaires, pas de publicité ; 189/188) ou au groupe de contrôle du marché illégal (poursuite de l’approvisionnement en cannabis illicite ; 189/186). Le critère principal d’évaluation était la sévérité déclarée de l’usage de cannabis et ses conséquences après 6 mois, mesuré par le Cannabis Use Disorders Identification Test – Revised (fourchette 0-32). Les critères secondaires concernaient les symptômes dépressifs, anxieux et psychotiques, la quantité de cannabis consommée, la consommation d’alcool et de drogues. L’analyse primaire a porté sur ceux dont les données étaient complètes (182 vs. 182). Les auteurs ont retrouvé un plus faible niveau d’usage et de conséquences d’usage du cannabis entre le groupe d’intervention sur le cannabis légal (moyenne du CUDIT-R [M] = 10,1) et le groupe de contrôle sur le marché illégal (M = 10,9 ; β = -0,69, intervalle de confiance à 95 % [IC] = -1,4 à 0,0, P = 0,052). Ces résultats ont été confirmés par une analyse d’imputation multiple en intention de traiter (n = 374). Une analyse supplémentaire des sous-groupes selon que les participants consommaient ou non d’autres drogues a montré que la réduction du mésusage du cannabis était limitée aux personnes du groupe d’intervention sur le cannabis légal qui consommaient d’autres drogues. Les auteurs n’ont constaté aucun changement statistiquement significatif dans les résultats secondaires. La conclusion de cet essai clinique intéressant est que l’accès au cannabis récréatif encadré médicalement peut réduire la consommation de cannabis et les méfaits liés au cannabis, en particulier chez les personnes qui consomment d’autres drogues. En savoir plus : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/add.70080 Par Benjamin ROLLAND