Ce qui était un podcast en quatre saisons diffusées entre 2023 et 2024, est devenu un ouvrage qui résonne particulièrement fort dans un temps où la ville de Marseille fait à nouveau parler d’elle pour de tragiques événements qui ne font que consolider une image bien trop négative qui lui colle à la peau. Le trafic de stupéfiants dans la deuxième ville la plus peuplée de France, ça ne date pas d’hier, mais les crimes liés à ce trafic, commis en plein jour désormais et touchant régulièrement des victimes collatérales, sont un phénomène qui inquiète particulièrement les forces de l’ordre mais aussi la société civile.
Les règlements de compte sont devenus le lot courant de la bonne marche d’un business illégal qui repose sur les bases solides d’une offre permanente qui ne fait que suivre la demande. Les substances trouvent toujours preneur. Les luttes de territoire sont sanglantes et aucun discours répressif ou mesure des autorités politiques qui se sont succédé des deux côtés de l’échiquier politique n’y ont rien changé.
C’est systémique. La prohibition qui génère un capitalisme à marche forcée, totalement désinhibé et incontrôlable, y est pour beaucoup. La consommation a bon dos. Personne n’est gagnant dans cette affaire, sauf le trafic qui sait s’adapter et se réorganiser.…
Les deux journalistes sont allés chercher les points de vue des acteurs de terrain, non seulement ceux des trafiquants mais aussi ceux de policiers et magistrats pour que l’éclairage sur ce sujet soit en même temps plus précis et plus étendu. Les témoignages des habitants des quartiers Nord, concernés en premier chef par un quotidien envahi par ce trafic, ont également été sollicités…
Ce qui ressemble alors à un récit qui se dit et se veut sous influence ou du moins en référence aux ouvrages et séries de l’auteur-réalisateur américain David Simon, devient ici un plaidoyer qui met le focus sur un problème endémique mais alerte sur la poursuite d’un tout répressif qui laisse de côté la prévention, l’accompagnement et le soin, aussi bien dans les discours que dans les financements.
Le trafic en France, même s’il est loin d’être au niveau du trafic mexicain et de ses cartels qui font des milliers de morts chaque année, n’est pas à prendre à la légère. Gageons que les pouvoirs publics vont à nouveau viser à côté. Les réseaux qui mènent la danse en ont vu d’autres et sauront trouver la parade pour que l’offre rencontre toujours la demande, et ce quelque soit le quartier, la ville, le produit, le vendeur ou l’acheteur, in situ ou à domicile…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr
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