Chemsex et sexualité compulsive : les risques addictifs d’une pratique en expansion

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Pourquoi avoir fait cette recherche ? Le chemsex, définit comme l’usage intentionnel de substances psychoactives pour intensifier ou prolonger les rapports sexuels, est une pratique en augmentation parmi les hommes appartenant à des minorités sexuelles. Cette pratique est associée à des risques accrus pour la santé mentale et sexuelle. Toutefois, peu d’études ont exploré le lien entre le chemsex et…

Pourquoi avoir fait cette recherche ?

Le chemsex, définit comme l’usage intentionnel de substances psychoactives pour intensifier ou prolonger les rapports sexuels, est une pratique en augmentation parmi les hommes appartenant à des minorités sexuelles. Cette pratique est associée à des risques accrus pour la santé mentale et sexuelle. Toutefois, peu d’études ont exploré le lien entre le chemsex et le trouble du comportement sexuel compulsif (TCSC), entité diagnostique récemment introduite dans la onzième révision de la Classification Internationale des Maladies de l’Organisation Mondiale de la Santé. L’objectif de cette recherche était donc de mieux comprendre la co-occurrence du chemsex et du TCSC ainsi que les risques associés.

Quel est le but de cette recherche ?

L’étude visait à : évaluer la prévalence du chemsex et du TCSC chez les hommes homosexuels et bisexuels ; déterminer si la co-occurrence de ces comportements est associée à des risques accrus pour la santé mentale (anxiété, dépression) et sexuelle (rapport anal non protégé, VIH) ; comparer l’impact du chemsex à celui d’autres substances plus fréquemment utilisées lors de rapports sexuels (alcool, cannabis).

Comment les chercheurs ont-ils fait pour répondre à cet objectif ?

Les chercheurs ont recruté 289 hommes (223 se déclarant comme homosexuels et 66 comme bisexuels) via Grindr, une application de rencontre géolocalisée, sur la période d’avril à juin 2023. Les participants ont rempli des questionnaires mesurant :
  • L’usage de drogues pendant les rapports sexuels (notamment les substances associées au chemsex : méthamphétamine, GHB/GBL, méphédrone, kétamine, cocaïne, ecstasy/MDMA) ;
  • La consommation de substances et les symptômes de troubles de l’usage de substances par le NIDA-Modified Alcohol, Smoking, and Substance Involvement Test (NIDA-ASSIST)
  • Le TCSC via l’échelle Compulsive Sexual Behavior Disorder Scale-7 (score ≥18 indiquant un risque élevé) ;
  • Les symptômes d’anxiété et de dépression (Patient Health Questionnaire-4) ;
  • L’absence d’usage de préservatifs pour les rapports anaux et le statut VIH.
Les analyses statistiques ont porté sur les différences entre les groupes : absence de chemsex et TCSC, TCSC seul, et co-occurrence des deux.

Quels sont les principaux résultats à retenir ?

Les auteurs ont retrouvé que 15,2% des participants déclaraient pratiquer le chemsex, 34,3% étaient à risque élevé de TCSC, et 9,3% présentaient une co-occurrence des deux. La co-occurrence était associée à des niveaux significativement plus élevés d’anxiété, de dépression, de rapports anaux non protégés et de séropositivité au VIH. Le chemsex était plus corrélé au TCSC que l’usage d’alcool ou de cannabis pendant le sexe. L’usage combiné de poppers et de médicaments pour l’érection (par exemple le Sildénafil) était beaucoup plus fréquent dans le groupe co-occurrence, soulevant des préoccupations sanitaires.

Points-clés à retenir :

Le chemsex est une pratique répandue parmi les hommes appartenant aux minorités sexuelles. C’est un phénomène préoccupant lorsqu’il est associé à un comportement sexuel compulsif car cette co-occurrence est liée à des risques importants pour la santé mentale et sexuelle. D’un point de vue méthodologique, la corrélation entre le chemsex et les symptômes de trouble de l’usage de substances impliquant des substances consommées dans le chemsex suggère qu’il est parfois difficile de distinguer ces concepts, et donc de différencier les relations sexuelles occasionnelles pendant la consommation de substances du chemsex avec usage de substance intentionnel à visée de performance. Todd L Jennings, Neil Gleason, Frankie Nieblas, Nicholas C Borgogna, Shane W Kraus, Chemsex and compulsive sexual behavior among sexual minority men, The Journal of Sexual Medicine, Volume 22, Issue 4, April 2025, Pages 658–662, https://doi.org/10.1093/jsxmed/qdaf021

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