Deal sur ordonnance: «Si je revends mes prescriptions, ça me rapporte plus de 1.000 euros» (Slate)

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Sur le trottoir, un homme chuchote: « Métha?, métha? » Marco est vendeur et cherche sa clientèle dans le quartier. Physique de boxeur mi-mouche, casquette sur la tête, barbe blonde, mains boursouflées, il parle d'une voix tremblante. Il a consommé il y a peu de temps. Son front est marqué d'une entaille récente: « J'ai pris un cul de bouteille…

Sur le trottoir, un homme chuchote: « Métha?, métha? » Marco est vendeur et cherche sa clientèle dans le quartier. Physique de boxeur mi-mouche, casquette sur la tête, barbe blonde, mains boursouflées, il parle d’une voix tremblante. Il a consommé il y a peu de temps. Son front est marqué d’une entaille récente: « J’ai pris un cul de bouteille de bière dans la tête. Tout ça pour 4 euros. » Le quadragénaire connaît le quartier de la gare du Nord, à Paris, depuis des années. Il y est enchaîné. Tous ses repères sont là, ainsi que sa vie sociale. Lui consomme de la méthadone au quotidien. Il est accro aux opiacés depuis plus de vingt ans. Pour s’en procurer, « il y a plusieurs manières. Moi, je vais chez le médecin et je récupère une ordonnance ». Une situation banale. Marco suit un traitement contre la dépendance à l’héroïne qui limite fortement le risque d’overdose.

Sur son dos, il porte un sac noir à l’intérieur duquel s’entassent une vingtaine de boîtes bleues et blanches. Sous l’emballage, des flacons de 60 milligrammes de « métha ». Chaque potion lui rapporte environ 10 euros. Le patient s’est transformé en dealer. Tant qu’il n’est pas pris en train de revendre, il ne court aucun risque de se faire attraper par la police. Il prend toujours sur lui une copie de son ordonnance afin de prouver que la drogue de substitution lui appartient. Ce petit bout de papier tamponné dont les prescriptions sont remboursées par la sécurité sociale lui tient aussi lieu de fiche de paie. « Si je les revends, ça me rapporte plus de 1.000 euros. » Marco se fournit aussi en Skenan® dont il revend chaque gélule de 10 milligrammes entre 5 et 10 euros, leur valeur d’échange dans la rue. L’homme a son réseau. Il connaît un médecin dans le quartier qui ferme facilement les yeux.

Un·e toxicomane·e a toujours tendance à en demander le maximum pour se prémunir du manque. Les prescriptions sont parfois sans limite. Un·e médecin averti·e tentera cependant de minimiser la dose indiquée sur l’ordonnance.

Pour voir la suite de l’article de Ronan Mael, rendez-vous sur le site slate.fr en cliquant sur le bouton  » En savoir plus »

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