La gabapentine ne peut être substituée à la prégabaline pour amoindrir les risques de mésusage ou de dépendance

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Les gabapentinoïdes sont des traitements agissant comme ligands d'un canal calcique cérébral et sont approuvés pour différentes indications, notamment l'épilepsie, la douleur neuropathique ou le trouble d'anxiété généralisée. Parmi eux, la prégabaline est particulièrement associée à un risque élevé de mésusage, de dépendance (trouble de l'usage de la prégabaline ou TUP) et de surdosage potentiellement fatal. En France, cette problématique…

Les gabapentinoïdes sont des traitements agissant comme ligands d’un canal calcique cérébral et sont approuvés pour différentes indications, notamment l’épilepsie, la douleur neuropathique ou le trouble d’anxiété généralisée. Parmi eux, la prégabaline est particulièrement associée à un risque élevé de mésusage, de dépendance (trouble de l’usage de la prégabaline ou TUP) et de surdosage potentiellement fatal. En France, cette problématique de santé publique est croissante, notamment chez les populations vulnérables comme les jeunes migrants isolés. Le TUP représente un défi thérapeutique, exposant les patients à des symptômes de sevrage tels que l’irritabilité, l’anxiété, les troubles du sommeil, des symptômes gastro-intestinaux, ainsi qu’à des complications comme des hallucinations, une psychose ou des convulsions. De plus, le TUP est souvent associé à un craving intense. À ce jour, aucun traitement spécifique du sevrage de la prégabaline n’a été clairement établi, et l’utilisation de benzodiazépines reste controversée puisque ce n’est pas le même mécanisme d’action que les gabapentinoïdes. Le sevrage ambulatoire du TUP repose généralement sur une diminution lente et supervisée de la prégabaline. Une stratégie alternative, par analogie avec le trouble de l’usage des opioïdes, pourrait consister à remplacer la prégabaline par un médicament de la même famille pharmacologique, mais avec un risque moindre d’abus et de craving. La gabapentine apparaît comme un candidat logique pour cette substitution, car son absorption est plus lente et non linéaire, atteignant un plateau au-delà de 3 600-4 800 mg/jour. Les auteurs lyonnais de cet article rapportent quatre cas cliniques de patients présentant un TUP sévère (doses quotidiennes moyennes allant de 1 200 à 8 400 mg de prégabaline) qui ont eu une tentative de sevrage de prégabaline en la substituant par de la gabapentine. Dans les quatre cas, dont trois ont eu lieu durant une hospitalisation, il a été réalisé un switch complet et immédiat de la prégabaline par la gabapentine à des doses allant de 900 mg à 3600 mg. Le traitement de gabapentine a semblé prévenir l’apparition des symptômes de sevrage physique et de complication, mais la survenue d’un craving intense a nécessité un retour rapide à la prégabaline (3 à 14 jours). Différentes hypothèses ont été avancées pour expliquer l’échec de cette substitution. D’une part, la courte demi-vie de la gabapentine (environ six heures, similaire à celle de la prégabaline) pourrait être insuffisante pour contrôler les symptômes de manque. Par ailleurs, la limitation de son absorption à forte dose pourrait réduire son efficacité pour traiter le craving. Enfin, des différences dans la liaison aux récepteurs et l’excitabilité corticale pourraient expliquer pourquoi la gabapentine ne parvient pas à soulager efficacement le craving induit par la prégabaline. En conclusion, bien que l’idée d’utiliser la gabapentine comme traitement de substitution pour le PUD semblait prometteuse, cette étude de cas ne soutient pas cette approche et souligne la nécessité de poursuivre les recherches pour développer des stratégies thérapeutiques adaptées au PUD. Par le Dr Olivier Lejeune En savoir plus : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00952990.2025.2467458?scroll=top&needAccess=true

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