Le cannabis thérapeutique : un édito du British Journal of Clinical Pharmacology

Le dernier numéro du British Journal of Clinical Pharmacology est consacré au cannabis thérapeutique et aux préoccupations que soulève son usage. En effet, pour les auteurs de l’éditorial, le cannabis est devenu le dernier traitement à la mode, mais les données à ce jour suggèrent que pour la plupart des symptômes, les preuves scientifiques sont de mauvaise qualité et montrent peu d'avantages.

Le dernier numéro du British Journal of Clinical Pharmacology est consacré au cannabis thérapeutique et aux préoccupations que soulève son usage. En effet, pour les auteurs de l’éditorial, le cannabis est devenu le dernier traitement à la mode, mais les données à ce jour suggèrent que pour la plupart des symptômes, les preuves scientifiques sont de mauvaise qualité et montrent peu d’avantages.

Pourtant, le cannabis est présenté comme le traitement d’un large éventail de symptômes et de maladies chroniques :  anxiété, certains symptômes lié au cancer et effets indésirables de la chimiothérapie, syndrome de stress post-traumatique, crises convulsives, spasticité, syndromes de douleur chronique et cachexie. Pour les auteurs, cette résurgence du cannabis en tant que traitement médical potentiel semble plutôt être motivée par l’opinion publique et les intérêts politiques que par des découvertes scientifiques générales. Ils déplorent également le manque de comparaison avec des médicaments actuels dont l’efficacité et la toxicité ont été scientifiquement quantifiées. Pour eux, la validité biologique qui sous-tend l’efficacité thérapeutique potentielle du cannabis est loin derrière sa consommation.

L’utilisation du cannabis à des fins médicales pose d’autres problèmes par rapport à d’autres thérapies expérimentales. En effet, les composants de la plante de cannabis doivent être extraits et purifiés, et parmi les dizaines d’extraits possibles, seuls quelques composants sont connus à ce jour pour être responsables d’efficacité et/ou de toxicité, notamment deux : le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD).

 

De même, un aspect souvent négligé est la complexité et la variabilité de l’extraction à des fins cliniques, ainsi que les interactions entre les facteurs environnementaux et végétaux. De plus, les auteurs rappellent que les données pharmacologiques, à la fois en terme de pharmacocinétique et pharmacodynamie sont limitées.

Malgré le manque de connaissances autour de l’usage de cannabis thérapeutique, il existe maintenant des données issues d’essais contrôlés randomisés concernant l’utilisation du CBD dans au moins deux syndromes épileptiques rares de l’enfant. L’usage en soins palliatifs est plus controversé. En effet, malgré des premiers résultats encourageants décrits à travers des cas cliniques ou des essais de petite taille, les essais cliniques de plus grande envergure portant sur les nausées et vomissements, la douleur et la cachexie n’ont jusqu’ici pas réussi à montrer un intérêt significatif par rapport aux autres traitements disponibles. De plus, la consommation de cannabis, que ce soit à des fins médicales ou récréatives, n’est pas sans risque.

Ainsi, pour les auteurs de cet éditorial, des recherches supplémentaires sur les plantes, la pharmacologie clinique (notamment la relation dose-réponse) et la recherche clinique sont nécessaires avant que des composants du cannabis tels que le CBD et le THC puissent être considérés comme des traitements médicamenteux de routine.