Dans le hameau de montagne où ce roman installe sa narration, on se laisse aller en toute tranquillité, loin de l’agitation relative de la plaine, à ses obsessions ou addictions.
Ici, très peu de monde, mais suffisamment pour construire un récit qui tourne principalement autour de trois personnages qui prennent successivement la parole :
Rosalba, une femme qui a quitté mari et enfant il y a quelques années et revient vivre seule ici sous le nom d’emprunt d’Emaney, Fracasse, un poète jadis amoureux transi de Rosalba et désormais centré sur le retour de la jeune femme au hameau et enfin Javerne, ami d’enfance de Fracasse, homme à tout faire qui subvient à ses besoins financiers, modestes, en vendant dans la plaine l’herbe de cannabis bio cultivée sur le plateau…
Le lieu, mais aussi le temps qui s’écoule à un rythme apaisant, sont propices à la contemplation et à la quête de tranquillité de chacun des protagonistes. Ils peuvent alors faire leurs pas de côté ou s’échapper même du réel pour un confort de vie intérieure qui fait le lit d’une introspection qui semble nécessaire et incontournable. Qu’on leur foute la paix, semblent-ils réclamer. Le hameau a su s’emparer d’eux, en même temps qu’ils ont su se l’approprier…
Emaney vit recluse sans sa maison-atelier pour faire vivre à distance et online ses créations de vêtements. Elle construit au jour le jour, et poste en ligne, un journal de bord qui vit sur les réseaux sociaux et lui apporte une vraie reconnaissance professionnelle et personnelle. Enivrée par une existence numérique pleine et par ce qu’elle nomme une “validation“ de ses suiveurs et suiveuses, la jeune femme s’isole malgré tout.
Fracasse vit, lui, au travers de ses lectures et n’arrive pas à faire le pas vers Emaney qu’il ne sait qu’observer à distance. La jeune femme continue à le hanter au point d’épier le moindre de ses mouvements.
Javerne, lui, s’est rendu “disponible“ pour la came comme il dit, même s’il reconnaît qu’elle l’isole. Oui la “camisole“, affirme-t-il avec un humour fataliste. Ça veut tout dire… Dans une ambiance que l’on pourrait presque qualifier de psychoactive, tant elle nous plonge dans un temps et univers suspendus, on comprend que les obsessions ou addictions ont leur rôle à jouer, celui de pouvoir entrer en relation avec le monde, mais à distance et sans réel engagement…
A quel moment peut-on affirmer qu’on a basculé dans une addiction qui envahit notre existence au point d’en faire le point central autour duquel on ne cesse de tourner en rond pour taire ses maux ? La réponse est peut-être déjà dans la question…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr
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