Oxycodone : l’opioïde par lequel la crise arriva

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Dans un article illustré, Maad Digital, décrit les mécanismes biologiques sur lesquels repose l’addiction à l’oxycodone, un médicament anti-douleur à l’origine d’une crise sanitaire majeure aux Etats-Unis.

L’oxycodone est un opioïde semi-synthétique utilisé pour le traitement des douleurs modérées à sévères. Reconnu pour son efficacité analgésique, il est à l’origine d’une crise sanitaire majeure, en particulier en Amérique du Nord. Cette crise des opioïdes a révélé les dangers de la large prescription de ces médicaments et de leur mésusage. Depuis 20 ans, des milliers de personnes en meurent par overdose chaque année.

Son pouvoir addictif

L’addiction à l’oxycodone repose sur plusieurs mécanismes neurobiologiques communs aux autres opioïdes. Lorsqu’il atteint le cerveau, il active le système de récompense, ce qui se traduit par une augmentation de la dopamine dans certaines structures du cerveau (noyau accumbens et cortex préfrontal). Comme tous les autres opioïdes, l’oxycodone (à fortes doses) va également agir sur les centres de contrôle de la respiration, situés au niveau du tronc cérébral, et provoquer une dépression respiratoire qui peut être fatale. Cette libération excessive de dopamine entraîne le désir et l’envie, renforçant ainsi la prise du médicament et augmentant le risque d’addiction. De nombreuses études montrent que l’oxycodone possède des caractéristiques qui lui sont propres et différent des opioïdes traditionnels comme la morphine ou l’héroïne. Le modèle de préférence de place conditionnée est une méthode expérimentale largement utilisée pour étudier les mécanismes liés à l’addiction. Ce modèle repose sur l’association répétée entre un environnement spécifique et une expérience de récompense provoquée par une substance addictive. Après plusieurs expositions, l’animal développe une préférence marquée pour cet environnement, témoignant d’un apprentissage basé sur la récompense. Lorsque l’environnement est présenté plusieurs fois sans la récompense associée, on observe généralement une extinction progressive de cette préférence conditionnée. Dans le cas de l’oxycodone, il a été montré qu’il fallait plus de sessions pour éteindre cette préférence conditionnée que pour l’héroïne, suggérant une mémoire des effets de la récompense plus robuste. Un autre modèle couramment utilisé en laboratoire est celui de l’auto-administration. Dans ce modèle, un animal apprend à réaliser volontairement une action spécifique (comme appuyer sur un levier) pour obtenir une substance qui lui procure du plaisir. En général, quand l’animal a accès à la drogue une heure par jour, sa consommation reste contrôlée et stable. En revanche, si cette durée est allongée à six heures par jour, on observe une augmentation progressive de la prise de drogue au fil des sessions, un phénomène clé dans la transition vers l’addiction. Ce qui est particulièrement intéressant avec l’oxycodone, c’est que cette escalade de consommation peut aussi se produire même quand l’accès à la drogue reste limité. Ces différences s’expliquent quand on mesure la libération de dopamine après l’administration d’oxycodone : celle-ci est plus durable qu’avec d’autres opioïdes, ce qui pourrait être dû à la présence de métabolites actifs. Cette observation serait à mettre en lien avec les études chez l’être humain évaluant le potentiel addictif de l’oxycodone en comparaison avec d’autres opioïdes : elles montrent que cette molécule, chez les patients dépendants aux opioïdes, est généralement considérée comme plus désirable que des substances comme la méthadone (traitement de substitution aux opioïdes) ou la morphine. Ces caractéristiques pourraient contribuer au fort potentiel addictif de l’oxycodone et expliquer en partie son rôle central dans la crise des opioïdes. En savoir plus : www.maad-digital.fr.

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