Il est des séries télévisées qui marquent et impriment votre mémoire plus que d’autres.
Patrick Melrose fait partie de celles-ci. Diffusée pour la première fois à la télévision en 2018, la série nous est proposée par ARTE en rediffusion, ce qui nous donne l’occasion de la découvrir ou redécouvrir, et de nous précipiter sur la lecture des cinq romans autobiographiques de Edward St. Aubyn dont elle est adaptée…
L’histoire qui nous est racontée est celle de Patrick Melrose, victime dans son enfance de brimades, tortures psychologiques et agressions sexuelles de la part d’un père dont les méthodes éducatives n’avaient d’égales dans l’horreur que les fausses bonnes excuses que son état d’esprit déséquilibré se donnait pour s’en glorifier.
Elevé sans l’appui d’une mère aveuglée, volontairement ou non, par sa consommation quotidienne importante d’alcool et autres sédatifs, Patrick ne pourra compter que sur lui-même pour trouver la force de s’opposer à son père… L’héroïne, puis l’alcool, prendront une place non négligeable dans la vie d’un jeune homme d’une vingtaine d’années en prise avec des usages immodérés de stupéfiants, et qui n’aura de cesse de tenter d’anesthésier des souvenirs encombrants et une douleur lancinante qui encombre son cerveau et l’empêche d’avancer dans la vie avec quiétude…
Le décès de son père, puis celui de sa mère seront les deux principales occasions de réveiller les douleurs et trahisons du passé… Edward St Aubyn s’expliquera sur les raisons de son usage d’héroïne, sans taire les nouveaux maux qui en découleront. A un journaliste d’un quotidien londonien, il confiera :
« Je pense vraiment que l’héroïne m’a sauvé la vie. C’est ce qui m’a permis de me tenir à mi-chemin entre l’existence et le suicide. De ne pas avoir eu à choisir. Lorsque j’ai goûté à l’héroïne, je me suis senti bien pour la première fois. Enfin, j’arrivais à mettre à distance tout ce qui m’était intolérable – pensées, émotions, souvenirs… Cette sensation de bien-être parfait a duré trois semaines. Après, pendant les douze années qui ont suivi, ça a été une autre paire de manches… »…
Les cinq volets de cette saga familiale, qui s’étalent sur plus de trois décennies, nous racontent comment un homme tente au mieux, au fil du temps, de rassembler ses esprits, du moins les morceaux éparpillés par cette bombe à retardement que furent les rapports incestueux dont il fut victime enfant.
Chaque épisode invite Patrick, dans sa course vaine, à noyer ses traumatismes dans des solutions aqueuses anesthésiantes avant qu’il réussisse enfin à sortir la tête de l’eau…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr