Têtes de mules, un documentaire de Camille Toulmé

Toutes les addictions /
Toutes les addictions

Diffusion France tv, avril 2025

En Guyane française, à Saint-Laurent-du-Maroni, des jeunes hommes ou femmes sont en mode survie. Le travail se fait rare. Plus d’un quart des moins de vingt-neuf ans sont au chômage. Le marché du travail légal n’offre pas beaucoup de perspectives. Alors la solution toute trouvée par certains ou certaines d’entre eux ou elles est de s’orienter vers le marché illégal, en l’occurrence le passage de la cocaïne sud-américaine vers la métropole française. Les chiffres sont éloquents : « Chaque année, 10 000 passeurs transportent de la cocaïne depuis la Guyane jusqu’en métropole. 60% ont moins de 30 ans. »… Ils s’appellent Chayna, Ronald, Victor, ou Akeem, ont entre 18 et 26 ans, et tentent ou ont tenté, leur chance… Ici, on ne nous racontera pas comment fonctionne le recrutement, et le trafic en soi, mais bien la situation sociale et économique précaire de ces jeunes hommes et femmes qu’il faut s’efforcer de mieux connaître pour mieux les accompagner. Mieux connaître ces passeurs et passeuses, c’est s’intéresser à leur histoire personnelle et familiale, leurs influences et leur environnement, comprendre que rien n’arrive par hasard et que les risques pris sont souvent la résultante d’un conditionnement social qui tend vers la nécessité, légitime, de s’en sortir au mieux. La peur de se faire arrêter, ou la violence du transport de cocaïne “in corpore“, est dépassée et surmontée par la situation économique dans laquelle se trouve le passeur ou la passeuse. Le jeu en vaut alors la chandelle, nous explique Victor, 21 ans, prêt à avaler cent cinquante boulettes de cocaïne pour 10 000 euros, une somme bien en dessous de l’amende douanière qu’il risque (plusieurs dizaines de milliers d’euros) et qui accompagnera la peine d’incarcération de plusieurs mois… Wesley, lui, s’est reconverti vers l’accompagnement de jeunes en “situation d’addiction“, et en quête de reconstruction ou simplement de nouvelles perspectives viables. Ancien passeur, il nous explique qu’il est difficile de s’extraire de la fatalité d’entrée dans le trafic. L’analogie du jeu de Dames qu’il nous propose est éclairante : « S’il y a un mec à côté qui regarde jouer deux gars, il va plus voir le jeu, il va plus savoir où il faut placer les jetons. Alors que le mec qui est dans le game, pour lui, pour placer les jetons, ça va être compliqué. Jusqu’à ce qu’il pousse le mauvais jeton. »… Donner la parole à ces “petites mains“ du trafic c’est leur offrir cette visibilité, et donc cette reconnaissance, dont ils et elles ont besoin pour que le regard sur eux change et que le leur ne soit plus désormais orienté vers le trafic… Thibault de Vivies, DopamineCity.fr

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