Voyage dans les médecines psychédéliques, un essai de Dominique Nora

Dans les laboratoires américains, on s’affaire, on s’agite, et on y croit… Un jour peut-être la Food and Drug Administration (FDA), l’agence américaine du médicament, délivrera une autorisation de mise sur le marché d’un traitement à base de psychédéliques. La MDMA a failli passer le cap l’été 2024. Tout un champ thérapeutique aurait alors été libéré après des décennies de mise à l’écart d’une recherche prometteuse stoppée par la guerre à la drogue lancée par Richard Nixon en 1970. C’est au début des années 2000 que cette recherche a repris, et pas seulement aux Etats-Unis, autour essentiellement de trois substances phares : la psilocybine, le LSD et la MDMA. Les principales utilisations thérapeutiques visées sont le traitement des dépressions résistantes, du stress post-traumatique mais aussi de différentes addictions, notamment l’alcool… C’est cette médecine psychédélique émergente que Dominique Nora, grand reporter au Nouvel Observateur, nous invite à découvrir au travers de différentes études, enquêtes, témoignages, et même expériences personnelles. La journaliste nous raconte comment ces substances, en suscitant des états modifiés de conscience, plus ou moins prononcés, peuvent accompagner des thérapies psychiatriques en proposant essentiellement une mise à distance de traumatismes plus ou moins profonds et impactants. Mais attention, il n’est en aucun cas question de produits miracles, mais simplement d’outils thérapeutiques qui nécessitent donc une vigilance particulière, et le suivi très individualisé d’un protocole strict… En France, la recherche n’est pas aussi avancée qu’outre-Atlantique car manque certainement de financement. Aux Etats-Unis, ce sont des milliardaires de la Tech qui font partie des plus gros financeurs, avec parfois en arrière-plan l’obsession pour l’émergence d’un homme augmenté libéré de tout trouble l’affaiblissant. Alors espérons qu’ils ne s’emparent pas de manière exclusive d’un marché nécessairement émergeant qui, quand il sera totalement ouvert, engendrera inévitablement des revenus à la hauteur d’un besoin de soins psychiques grandissant dans la population mondiale. Quand le thérapeutique a de forts potentiels financiers, des dérives sont toujours à craindre, que seul le législateur peut tenter de contrôler avec une régulation et un encadrement indispensables. Il serait bien dommage qu’après des décennies de black-out, puis une renaissance attendue, les vertus thérapeutiques des psychédéliques soient à nouveau enterrées… Thibault de Vivies DopamineCity.fr