Une étude transversale contrôlée et appariée, publiée dans Tobacco Control.
Il y a beaucoup de données sur l’impact de la vaporette sur le tabagisme des jeunes. Et vous ne pouvez pas ne pas avoir entendu parler de cet effet passerelle, que la vaporette est la porte d’entrée dans le tabagisme. AddictAide vous en a déjà parlé en 2017 et en 2019 sur son site. Et j’avais eu aussi l’occasion d’écrire un article intitulé « Le vapotage n’est pas une porte d’entrée dans le tabagisme pour les jeunes » sur le site The Conversation.
Les études publiées appellent des remarques quant à leurs limites ; en voici 2 qui nous semblent importantes :
De plus, l’influence de l’environnement, de la génétique n’étaient pas pris en compte alors qu’ils contribuent largement aux conduites addictives comme le tabagisme.
Ce type d’étude permet d’observer des associations, des co-occurrences, mais pas d’établir des liens de causalité.
Depuis 2018, les ventes de tabac ont fortement diminuées, en France, en Europe et dans le monde entier. Aux Etats-Unis, selon l’étude NYTS (National Youth Tobacco Survey), 5,8% des lycéens utilisaient la cigarette, alors que 27,5% utilisaient la vaporette. L’industrie du tabac a vu ses cours en bourse chuter, Philip Morris International a annoncé des licenciements, et des fonds de pension seraient indexés sur l’industrie du tabac. Il fallait alors diaboliser la vaporette, pour relancer les ventes de tabac. Une vague de Fakenews sur la vaporette a donc commencé à circuler, et c’est toujours le cas actuellement (article sur Addictaide).
78 265 adolescents américains ont participé à la National Youth Tobacco Survey (2014-2017) ; parmi eux, 38 630 avaient renseigné leur statut tabagique en 2014-2015. Cela a permis de les répartir en 4 catégories :
Ainsi, pour les fumeurs de tabac (cigarettes), 3 groupes ont été définis :
Les paramètres suivants ont été pris en compte :
Une méthode bayesienne (PSM), utilisant les scores de propension (4), a été utilisée, permettant d’ajuster sur les facteurs de confusion (paramètres ci-dessus cités) comme covariables.
Ceux qui ont expérimenté la cigarette en premier sont 2 fois plus nombreux à avoir fumé au cours des 30 derniers jours, ainsi qu’à avoir fumé plus de 100 cigarettes dans leur vie.
Ceux qui ont expérimenté la vaporette en premier sont moins nombreux à avoir fumé des cigarettes au cours des 30 derniers jours (réduction de 30%), ainsi qu’à avoir fumé plus de 100 cigarettes dans leur vie (risque divisé par 4).
L’analyse multivariée (PSM) montre que :
Cette étude montre également que l’usage ultérieur de vaporettes est plus fréquent parmi les adolescents qui ont expérimenté la cigarette en premier. Cela confirme le fait que les cigarettes sont la porte d’entrée pour de nombreux produits.
De plus, l’environnement joue un rôle très important, nous le savons bien.
1 – Observatoire Territorial des Conduites à Risques de l’Adolescent (MSH-UGA)
2 – 7ème Centre Médical des Armées (Antennes de Varces et Chambéry)
3 – Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (Lyon)
Références bibliographiques
1 Kozlowski LT, Warner KE. Adolescents and e- cigarettes: objects of concern may appear larger than they are. Drug Alcohol Depend 2017;174:209–14.
2 Soneji S, Barrington- Trimis JL, Wills TA, et al. Association between initial use of e- cigarettes and subsequent cigarette smoking among adolescents and young adults. JAMA Pediatr 2017;171:788–97.
3 Kim S, Selya AS. The relationship between electronic cigarette use and conventional cigarette smoking is largely attributable to shared risk factors. Nicotine Tob Res 2019;68.
4 Dehejia RH, Wahba S. (2002). Propensity score-matching methods for nonexperimental causal studies. Review of Economies and Statistics, 84(1), 151-161.
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