Addiction au travail : « Sa mise en lumière est déterminante pour mieux informer, prévenir et orienter sa prise en charge ».
médecin du travail au CHU de Montpellier (administrateur à l’ANMTEPH, Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel des Hôpitaux et vice-président de la société régionale de médecine du travail de Montpellier)

« Le workaholisme existe bel et bien. Comprendre de quoi il s’agit et comment le prévenir est essentiel ! Partie intégrante des risques professionnels, sa mise en lumière est déterminante pour mieux informer et orienter sa prise en charge ».

Cédric Julien, médecin du travail au CHU de Montpellier (administrateur à l’ANMTEPH, Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel des Hôpitaux et vice-président de la société régionale de médecine du travail de Montpellier) l’affirme avec conviction : cette addiction comportementale existe, elle fait partie des risques professionnels encore méconnus et mal évalués. Sensibiliser les collaborateurs et les employeurs est indispensable, agir pour la prévenir l’est également.

L’addiction au travail, un sujet abordé lors des visites médicales ?

Le workaholisme ne fait pas partie des évaluations systématiques. En santé au travail, la question du rapport au travail est un sujet qu’il est pourtant utile de questionner, notamment quand on évoque les situations de risques psychosociaux comme la souffrance au travail. Pour l’aborder, il est utile de s’intéresser à la vie personnelle du collaborateur : ses loisirs, ses temps de repos… Cela peut permettre de constater des débordements de la vie professionnelle sur la vie familiale et sociale. L’addiction au travail est peu connue et souvent confondue. En parler lors de ces visites peut amener les collaborateurs à prendre conscience de leur propre relation au travail, et ensuite à faire la part entre les périodes de surcharges ponctuelles et les comportements compulsifs et irrépressibles qui visent à soulager un mal-être ou à se créer un plaisir. C’est en ouvrant le champ des questionnements que l’on peut alors initier une vraie prévention.

Plusieurs formes d’actions :

– Temps individuel de suivi : visites médicales…

– Actions collectives menées par les services de prévention et de santé au travail, en lien avec les employeurs, les collaborateurs :

  • Ciné-débats autour des risques psychosociaux avec des éclairages sur l’addiction au travail lors de tables rondes,
  • Interventions en milieu professionnel : colloques, séminaires…

– Conseils psycho-organisationnels aux employeurs.

– Intégration dans le champ des RPS (risques psychosociaux) dans le DUERP (Document unique d’évaluation des risques professionnels).

Côté employeurs et dans le monde du travail plus largement, on constate combien cette addiction est mal comprise ou inconnue. Mais dès que les dirigeants réalisent ce qu’elle est réellement et ses effets, une vraie prise en considération des moyens de prévention et de réflexions sur les actions à déployer s’opère.

Muriel Gutierrez (Amande épicée)

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