
Charlotte Lecocq : Les entreprises vivent la prévention comme un empilement d’obligations auxquelles il faut répondre, et ne voient pas que c’est un enjeu de performance, une dynamique dans laquelle s’engager avec un retour sur investissement. Ils ne sont ainsi pas dans la démarche d’élaborer un plan de prévention qu’ils mettraient en œuvre avec un plan d’action et des objectifs prioritaires.
De plus, nous avons constaté que les petites entreprises manquent de ressources en matière de prévention, alors même que ces ressources existent. Les TPE-PME ne savent pas vers qui se tourner face à la multitude d’acteurs, elles sont perdues.
Charlotte Lecocq : Les partenaires sociaux et les différents acteurs de la santé au travail se sont remarquablement mobilisés pour construire un PST 3 (plan santé au travail) qui insiste sur la prévention primaire. Aujourd’hui, on a une boussole commune et elle est pertinente.
En revanche, on a un problème de pilotage pour déployer de façon opérationnelle ce PST 3. La multiplicité des acteurs, répartis dans de nombreuses structures, nuit à l’efficacité du système, engendre des doublons, quand ce ne sont pas des contradictions.
Ce manque de coordination est particulièrement problématique dans le cas des SSTI (services de santé au travail interentreprises) : il n’existe aucune instance nationale permettant de les piloter, et donc de s’assurer leur participation à une stratégie nationale de prévention.
Ces dernières années, on a aussi vu arriver de nombreux acteurs privés. Et c’est très bien ainsi, car les besoins sont importants. Mais là encore l’État a un rôle à jouer pour garantir aux entreprises la qualité des prestations auxquelles elles ont recours, et éviter des dérives.
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