
L’insertion professionnelle est un des leviers efficients pour le rétablissement d’une personne qui souffre de troubles addictifs. Julien Cabé, psychiatre addictologue au CHU de Clermont-Ferrand est notre expert du mois. Il nous en partage les raisons majeures, ainsi que son regard sur la méthode IPS (Individual Placement and Support ou soutien à l’emploi).
L’insertion professionnelle, un levier pour le rétablissement d’une personne souffrant de troubles addictifs ?
Oui ! Elle concourt à améliorer les dimensions du rétablissement, dès lors que la pratique professionnelle se déroule dans un contexte favorable. 4 raisons à cela :
• Le travail comme valeur : souvent le fait de ne pas travailler est pénalisant, stigmatisant. Même si ces malades vivent des complexités, ils ont envie de travailler.
• Valoriser les compétences : repérer et travailler les compétences psychosociales, les savoir-faire et les savoir-être de chacun. Toutes ces compétences utilisées en milieu ordinaire et personnelle servent aussi dans leurs pratiques professionnelles.
• Retrouver une autonomie financière : pour se rétablir il faut avoir une vie satisfaisante (manger correctement, offrir des cadeaux aux siens, avoir des loisirs, retrouver du plaisir à vivre…).
• Le lien social : c’est fondamental, notre cercle relationnel en général est beaucoup lié à notre milieu professionnel.
Comment aménager au mieux le contexte de travail ?
• Prendre en compte les impacts fonctionnels possibles liés aux addictions : souplesse dans les horaires par exemple. Les troubles cognitifs peuvent en effet engendrer des difficultés à programmer, à gérer les aléas.
• Un management soutenant, bienveillant, du renforcement positif : quand le travail est bien fait, il faut le dire, cela favorise l’envie de continuer.
• De la reconnaissance : le travail, c’est l’occasion d’accomplissements positifs.
• Une organisation des tâches structurante et adaptée.
La personne retrouve ainsi confiance en elle, ce qui est très favorable pour éviter la rechute.
En pratique : la méthode IPS ?
Il s’agit d’une méthode très inclusive. L’idée n’est pas de partir d’un projet professionnel idéalisé et de travailler autour, mais bien d’accompagner les personnes vers et dans l’emploi. C’est du « Place and train », c’est-à-dire que l’on met la personne en situation de travail pour l’aider ensuite à lever les freins qu’elle pourrait rencontrer. IPS, c’est le modèle que nous avons choisi au CHU de Clermont-Ferrand dans le cadre du projet expérimental ADD’ Pro que nous portons avec l’association CeCler.
Muriel Gutierrez (Amande épicée)