Woody Allen a dit un jour que, dans la vie, « 80 % du succès réside dans le fait d’être vu ». Selon un nombre croissant d’études sur les comportements en matière d’assiduité au travail, cette estimation est probablement plutôt optimiste. En effet, ces travaux relèvent l’essor du présentéisme en entreprise – lorsque les travailleurs sont au travail alors qu’ils ne devraient pas y être –, une zone grise entre la notion d’engagement total au travail et l’absentéisme.

Tout d’abord, il existe deux types de présentéisme : le premier, appelé « surprésentéisme », est associé à un surinvestissement au travail. On y retrouve les personnes qui travaillent le soir ou le week-end mais aussi ceux qui ne prennent pas l’intégralité de leurs congés.

Le second type, appelé « présentéisme maladie » est associé à l’état de santé. Il est défini comme le comportement d’un individu qui travaille alors qu’il devrait être arrêté en raison de son état de santé, physique ou mental. Par conséquent, « travailler alors qu’il ne faut pas » se traduit notamment par une baisse de satisfaction ou de bien-être du travailleur ou par la production d’une externalité négative sur son environnement, aussi bien personnel que professionnel. Une conséquence extrême du présentéisme est le burn-out.

Malgré l’importance économique de ce phénomène, il reste beaucoup de questions non résolues : qu’est-ce qui définit le présentéisme ? Comment le mesurer ? Quels facteurs influencent le développement du présentéisme ? Quand et comment influence-t-il les attitudes, les comportements et les performances des employés ? Sans véritable consensus sur la nature du présentéisme, il existe aujourd’hui une prolifération d’interprétations sur ce qui le constitue comme sur son impact.

Peur d’être surchargé au retour

Nous avons réalisé une étude (à paraître) à partir des données recueillies auprès d’un échantillon représentatif de la population active française du secteur privé dans le cadre de l’enquête annuelle de Malakoff Médéric – Humanis intitulée « Baromètre santé et bien-être au travail ». Il en ressort notamment qu’en 2018, 41 % des 4 551 individus sondés ont déclaré avoir travaillé alors qu’un médecin leur avait délivré un arrêt de travail. Par comparaison, un tiers de salariés ont déclaré avoir été absent au moins une journée en 2018.

Parmi les présentéistes, environ 35 % répondent que ce n’est pas dans leur habitude de se laisser aller et 30 % déclarent que leur état de santé ne les empêchait pas de travailler. Avec un taux de réponse de 18 % environ, les trois raisons les plus évoquées sont qu’ils ne voulaient pas transférer leur charge de travail à leurs collègues, qu’ils avaient peur d’être surchargé à leur retour et qu’il était leur impossible de déléguer leurs tâches.

Voir la suite de l’article de Avner Bar-hen et Théo Denis sur le site « The conversation »

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