
Rappelons-le d’emblée, puisque cela ne va pas toujours de soi, en France comme ailleurs : l’alcool est une drogue, et l’alcoolisme une maladie. Une dépendance forte à cette substance, dont la vente est légale et la consommation souvent considérée comme anodine, génère 50.000 morts par an en France, selon le ministère de la Santé. Nos patrons n’y échappent pas, bien au contraire : d’après une étude récente, dans l’Hexagone, un dirigeant d’entreprise sur quatre dit souffrir ou avoir souffert d’une addiction à une, voire plusieurs drogues. Ce qui a forcément des conséquences dans la vie quotidienne.
Dans l’enquête du JT de 20H de TF1 visible en tête de cet article, un chef d’entreprise, à la tête d’une chaîne de restauration depuis onze ans, accepte, sous couvert d’anonymat, de briser ce qui reste un tabou bien ancré : Le matin, c’est l’appréhension des courriers qu’on va recevoir. Est-ce que tous les employés seront là aujourd’hui ? Est-ce qu’il va y avoir un souci de matériel ? Ces soucis-là, pour les oublier, je me suis mis à boire de plus en plus. Quand je suis lancé, je bois facilement une bouteille de whisky dans la journée. Parfois plus.
L’alcool quotidien, pour noyer les angoisses. Un authentique cercle vicieux.
Certes, son addiction ne l’empêche pas de travailler, mais elle pèse lourd dans sa vie de famille, sans même parler de sa santé. J’ai honte de moi
, reprend-il. J’ai perdu mon permis de conduire. J’ai eu un accident à 20 mètres de chez moi. Mes enfants ont tout vu. L’année dernière, j’ai fait un arrêt cardiaque. Ce sont des soucis qu’on se crée en plus de ceux qu’on a déjà et qu’on essaye d’oublier en buvant.
Grâce à l’aide de médecins et de psychologues, il parvient à s’arrêter pendant deux mois. Mais rechute aussitôt. Aujourd’hui, il peine à envisager un avenir sans alcool, mais veut continuer à se battre. J’aimerais réussir à arrêter pour de bon, ne serait-ce que pour ma femme et mes enfants, mais c’est dur. Des fois, j’en arrive même à me dire que ce serait peut-être pas plus mal de tout arrêter et de changer de vie, pour sauver ce qui est à sauver
, conclut le restaurateur.
Et puis il y a l’autre point de vue. Comme celui d’une ancienne salariée d’une agence de communication, elle aussi interrogée par TF1, ayant fait les frais de l’alcoolisme de sa patronne. Elle raconte : Tous les jours, elle rentre du déjeuner complètement ivre et je me rends très vite compte qu’il faut qu’elle ait quelqu’un dans le collimateur. Elle choisit l’un d’entre nous et il s’en prend plein la figure. Des insultes, des rabaissements. T’es nulle, t’es une merde, t’as pas honte, t’es cher payée pour ce que tu fais…
Sobre, la patronne fait pourtant l’unanimité auprès de ses équipes. Mais elle refuse d’aborder le sujet de son alcoolisme.
En savoir plus : www.tf1info.fr.