
Les effets liés à une pratique sportive excessive sont moins connus que ceux liés à la sédentarité ou l’absence d’exercice physique, pourtant les risques sont bien réels.
Camille Gallinari, médecin du travail et coach sportive, exerce en Suisse sur un site industriel chimique qui regroupe différents métiers : certains plus sédentaires, d’autres de terrain qui nécessitent le maintien d’une bonne forme physique et donc une pratique physique régulière, qui peuvent parfois conduire à une dépendance. Elle nous partage son regard éclairé sur les impacts de la bigorexie en milieu professionnel.
Pratiquer du sport de manière saine n’a que des impacts positifs sur le travail, ce qui est problématique, c’est quand la pratique devient pathologique :
- excès de fatigue avec des absences de courte durée, ou de plus longue durée (accidents / blessures…),
- troubles relationnels ou du comportement : frustrations si le salarié ne peut pas se libérer pour sa séance du fait des contraintes liées à son poste,
- déséquilibre des ressources mises à profit pour son travail (risques psychosociaux)
Les métiers exigeants sur le plan physique (pompiers, militaires, BTP…) ou en lien direct avec le sport (sportifs de haut niveau, métiers du sport en général) sont des professions plus exposées au risque de développer cette addiction.
Dans un but de prévention, surtout quand le métier requiert des entraînements réguliers, il est conseillé de pratiquer, en dehors du travail, des activités qui n’ont pas forcément de lien avec le sport : loisirs culturels, passer du temps entre amis, en famille… C’est-à-dire d’autres centres d’intérêts qui vont aussi être sources de sécrétion de dopamine.
Lors d’une visite médicale de santé au travail, des questions simples peuvent alerter le salarié et l’aider à une prise de conscience :
- Sa pratique sportive a-t-elle déjà posé problème dans l’organisation personnelle, professionnelle ?
- A-t-il déjà eu des remarques de ses proches par rapport à sa pratique ? Comment s’est-il senti ?
- Est-ce que l’organisation des pratiques est prioritaire par rapport au reste ?
En milieu professionnel, il n’y a pas ou peu de sensibilisation sur le sujet. Il est intéressant de promouvoir la pratique sportive mais aussi d’évaluer le risque de dépendance et ses conséquences. Ce n’est pas uniquement la fréquence ou la durée, c’est plutôt une question d’équilibre avec les autres champs de sa vie qu’il est important d’évaluer.
En savoir plus : Bigorexie ou addiction au sport : constats et prévention – Addict Aide – Le village des addictions
Muriel Gutierrez
Amande épicée