Septembre, période de rentrée aux enjeux multiples pour les organisations, l’occasion de faire un point sur l’hyperconnexion au travail

Julie caillon, psychologue, docteure en psychologie dans le Service Universitaire d’Addictologie et de Psychiatrie du CHU de Nantes, nous partage son regard d’expert sur un phénomène qui peut présenter un risque pour la santé psychique et physique des salariés.

 

Julie, quels sont vos champs d’intervention ?

J’ai à la fois une activité clinique auprès de patients souffrant d’addictions comportementales et une activité de recherche et de formation auprès des professionnels. C’est par cet angle là que je me suis intéressée à la question de l’hyperconnexion.

Qu’est-ce que l’hyperconnexion ?

Un trop plein d’informations, de sollicitations, d’interactions en lien avec les connexions numériques, ajouté à une difficulté et une inquiétude à l’idée de se déconnecter. L’hyperconnexion n’est pas reconnue comme une addiction au sens stricte du terme, bien que l’on retrouve des mécanismes communs : perte de contrôle, complexité à s’abstenir, impacts négatifs sur les divers domaines et investissements de la vie du salarié.

Des chiffres ?
Aucune prévalence n’existe en la matière. Des chiffres liés au monde de l’entreprise ont émergé, mais ce ne sont pas des données scientifiques, ils doivent donc être appréhendés avec précaution.

Des impacts sur la santé psychique, physique ?

Le cerveau n’a pas la capacité à traiter une trop grande quantité d’informations, les risques de surcharges mentales peuvent générer des atteintes cognitives : capacité d’attention, mémorisation réduites, altération de la capacité de régulation émotionnelle…

Quel bilan ?

Des difficultés à gérer des tâches simples, stress, travail débordant sur la sphère privée, fatigue intense pouvant amener : épuisement chronique, troubles anxieux, dépression, burnout, impacts physiques (cardio-vasculaires, douleurs dans le dos…).

Des astuces pour se déconnecter ?

En tant que service hospitalier d’addictologie, avant d’orienter la prise en charge, nous évaluons tout d’abord globalement les difficultés rencontrées par les personnes en souffrance venues consulter. Nous pouvons les accompagner sur la façon dont ils peuvent gérer la pression liée à l’hyperconnexion, avec par exemple des conseils comportementaux tels : couper les notifications, limiter les réponses systématiques aux mails… Si besoin, un suivi plus profond pour traiter les troubles occasionnés (anxiété, dépression …) est proposé.

Des profils plus touchés ?

Les personnes ayant des fonctions d’encadrement, de direction. On constate cependant que cela touche de plus en plus tous les collaborateurs et tous les domaines professionnels. Plus globalement l’hyperconnexion privée (réseaux sociaux…) touche toute la population sans distinction.

 

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