Cocaïne, amphétamine, cannabis… aucun métier ni secteur ne serait épargné par la prise de produits stimulants ou relaxants, révèle une nouvelle étude. Si le phénomène touchait votre collègue de bureau, il y a fort à parier que désormais, vous ne vous en rendriez pas compte.
La nouvelle est tombée le 27 avril dernier. Le patron de la start-up américaine Iterable (2 milliards de chiffre d’affaires) s’est fait remercier du jour au lendemain par son conseil d’administration. En cause : il avait pris du LSD sur son lieu de travail. Justin Zhu, le CEO en question, a déclaré qu’il essayait le microdosing pour augmenter son attention. Cette pratique qui consiste à prendre régulièrement de petites doses serait en vogue dans une Silicon Valley qui croit dur comme fer que l’accomplissement personnel passe principalement par la réussite professionnelle. Une situation qui a inspiré un tweet à l’ancienne correspondante des Echos à San Francisco :
En France, le microdosing est sans doute moins populaire mais existe et serait une nouvelle manifestation d’un phénomène souffrant d’une grande omerta : la prise de drogue au travail. Notre imaginaire collectif voudrait que ces comportements soient le lot de traders enragés, ou de publicitaires fous en quête du buzz du siècle. Des récents témoignages postés sur le compte Instagram Balance ta start-up dénonçaient ces pratiques au sein du magazine Le Bonbon (dans ces mêmes stories, vous pourrez lire le droit de réponse de l’entreprise). Ils citaient des allers-retours incessants aux toilettes et parfois des pratiques plus décomplexées : « Tu arrives le matin à 9 heures et tu trouves sur ton PC des restes de coke », peut-on lire dans les stories du compte. Une autre personne raconte les dealers qui passaient au bureau avant les soirées. Tout cela, malgré une charte de l’entreprise stipulant l’interdiction de la prise de drogue sur le lieu de travail.
Cette entorse aux règles, Thomas* l’a vécue. C’était il y a dix ans, il travaillait alors pour la télévision, dans un studio de production d’une des six grandes chaînes historiques. « On allait dans les toilettes avec un copain et on prenait des rails de cocaïne. C’était récréatif, un besoin de se défouler », raconte-t-il. Et d’expliquer : « J’ai grandi dans le sud de la France, c’était l’ennui. Je souffrais d’anxiété sociale. Quand je suis arrivé à Paris, dans le milieu de la télé, j’ai rencontré plein de gens, ça m’a stimulé. » Depuis, Thomas, qui exerce toujours dans le même secteur, a stoppé sa consommation et a le sentiment que le secteur s’est assagi, du moins en apparence.
Alexandre*, lui, prend toujours de la drogue, et même de plusieurs sortes. Il se définit comme un multi-usager. A 25 ans, il travaille dans la finance de marché et est passé par de grandes banques comme Société Générale où il dit avoir revendu de la drogue à des collègues. Pour lui, pas question de prendre de la cocaïne, une drogue qui ne serait pas adaptée à ce milieu « prude et conservateur ». « Un jour, on m’a même reproché de prendre un café à 16 heures, c’est dire… », raconte-t-il. Alors de la drogue, il en consomme sous le manteau, seul, à son bureau.