Philippe Hache – Expert d’assistance médicale au Département études et assistance médicales de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pose des éclairages utiles… Regard d’expert !
Les conduites addictives, un risque professionnel ?
Oui, lors d’un pot avec alcool en entreprise, ou lors de la fabrication, de la vente ou de la distribution d’une substance psychoactive (tabac, alcool, médicaments psychotropes…).
Par ailleurs, plusieurs études montrent que certaines conditions de travail favorisent les conduites addictives.
Enfin, une loi de 2011 a inscrit pour la première fois, dans le Code du travail, la prévention de la consommation d’alcool et de drogues sur le lieu de travail.
Le travail peut-il déclencher, aggraver une conduite addictive ?
Les études montrent qu’il existe 2 contextes de travail associés à la consommation de produits tels que l’alcool, le tabac, le cannabis, les opiacés et les médicaments psychotoropes :
- La nécessité de tenir face à certaines conditions de travail : horaires décalés, port de charges lourdes, travail en extérieur, risques psychosociaux…
- Les pots en entreprise, la fabrication ou de la distribution de substances psychoactives (buralistes, restaurateurs, monde de la santé…).
Une évolution dans la prévention ?
Positive ! 2 études (2009/2021) menées auprès des Services de prévention et de santé au travail (SPST) ont pointé une amélioration notable en matière de conseils apportés aux employeurs et aux travailleurs. Du côté des salariés, plus de facilité pour en parler durant les visites médicales.
Les acteurs concernés ?
L’employeur, les représentants du personnel (CSE, CSSCT, représentants de proximité…), salariés eux-mêmes, le médecin du travail et son équipe (infirmiers de santé au travail, psychologues du travail…)
Les freins ?
C’est encore un sujet tabou. Il y a aussi le manque de connaissances, de formations des employeurs et d’acteurs de la prévention. On croit encore parfois que c’est une problématique individuelle, alors qu’il y a quantité de mesures à déployer au niveau du travail, qui ne rentrent pas dans la sphère privée du salarié.
Les actions de l’INRS ?
Nous menons des études, publions des articles dans 3 revues pour des publics différents : « Références en santé au travail », « Travail et sécurité », ”Hygiène et Sécurité du travails ». Notre site web contient un dossier, une brochure et un webinaire sur les addictions. Nous organisons des formations. Enfin, nous répondons aux questions des entreprises et des SPST.
Les bénéfices de la prévention des conduites addictives ?
Il n’y a pas, à l’heure actuelle, d’évaluation scientifique sur l’absentéisme et l’accidentologie au travail. Néanmoins, nous observons que les actions des SPST ont contribué ces 10 dernières années à une meilleure prise en charge de cette problématique.
Muriel Gutierrez (Amande épicée)