Karina Rodriguez, coordinatrice de la mission FIDES, rattachée au Département Santé, Qualité de Vie et Conditions de Travail de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), nous partage sa parole d’actrice sur la prévention des conduites addictives à destination du personnel médical et paramédical de l’AP-HP.

Quels sont les champs dintervention de la mission FIDES ?

La mission FIDES sensibilise, forme et prend en charge les professionnels de l’AP-HP sans jugement, ni stigmatisation. Elle impulse une démarche de prévention des conduites addictives au sein de tous les établissements de l’AP-HP en s’articulant autour de 3 axes :

  • La prévention : nous menons des actions de sensibilisation auprès de l’ensemble des personnels hospitaliers, ainsi qu’un accès à une formation complète sur le repérage des conduites addictives. Ce travail est conduit en collaboration avec les établissements et les Groupes hospitalo-universitaires de l’AP-HP afin de renforcer l’intérêt d’organiser ces actions en interne.
  • La gestion des risques : non accompagnons à différents niveaux toutes les directions de l’AP-HP pour leur permettre de déployer une politique de prévention adaptée à leurs établissements. Nous fournissions un kit d’outils clés en main qui est retravaillé spécifiquement avec chacun des acteurs de l’établissement : la direction, les RH, les préventeurs, les médecins du travail, les représentants du personnel, les assistants sociaux, les cadres… Nous proposons en parallèle de ces démarches une formation spécifique sur site permettant de repérer les signaux d’alerte, d’aborder le sujet avec le professionnel en difficulté et de l’orienter.
  • L’accompagnement des professionnels en difficulté : en collaboration avec la collégiale d’addictologie nous œuvrons pour privilégier l’accès aux soins de l’ensemble du personnel de l’AP-HP, en faisant en sorte que les délais d’attente soient diminués et en essayant de proposer un rendez-vous dans un service arrangeant pour le professionnel (proche de son domicile ou de son lieu de travail). Le but étant de faciliter au maximum l’accès aux soins et de ce fait les prises en charge.

La mission FIDES permet-elle des prises de conscience ?

C’est tout l’enjeux, faire comprendre que parler, ce n’est pas dénoncer, mais aider. En formation, nous entendons souvent « Ça ne me regarde pas… c’est de la délation… il ou elle risque du disciplinaire ». Les personnes ont réellement l’impression d’aider leur collègue en ne disant rien.

Nous évoquons alors l’aspect juridique et notamment la non-assistance à personne en danger lorsqu’on laisse un collègue partir et prendre sa voiture alors que l’on sait qu’il est alcoolisé ou bien lorsqu’un collègue doit pratiquer des soins à un patient alors qu’il n’est pas dans son état normal. Le fait d’en parler tous ensemble est un vrai élément déclencheur qui leur fait dire : « C’est vrai, au début il n’était pas comme ça et on l’a tous vu se dégrader mais on faisait comme si de rien n’était car il traversait une mauvaise période…le pauvre on ne l’aurait pas aidé… ». Ces échanges permettent une vraie prise de conscience de l’importance d’en parler et surtout sur le fait qu’il s’agit d’une maladie.

Murielle Gutierrez (Amande épicée)

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