Pouvoir parler à un collègue ou participer à un groupe de discussion permet de sortir de l’enfermement. Une voie nécessaire vers la guérison.

« Le silence tue plus que le produit , aime rappeler Patrick Bouyssou, chef de service QSE (qualité, sécurité et environnement) dans l’entreprise de BTP Léon Grosse (2 300 salariés). La première façon d’aider une personne, c’est d’aller la voir. Il faut dépasser la crainte d’être intrusif. Au pire, on se prend un râteau. Au mieux, c’est une main tendue qui peut tout changer. »

Patrick sait de quoi il parle : pendant des années, cet ancien militaire de carrière reconverti dans le BTP s’est oublié dans l’alcool. Des années à rester dans le déni de sa maladie. Dans le silence aussi. Jusqu’au jour où un supérieur le convoque et aborde frontalement la question. « Ce jour-là, j’ai menti. Je me suis défilé en disant que je n’avais pas de problème d’alcool. Mais au fond, j’ai su que cette personne pouvait m’aider. » Quelques mois plus tard, alors qu’il sombre littéralement pendant le confinement, il prend son téléphone. « À partir de là, avec l’entreprise, on a tout mis en place pour me sortir du gouffre. »

Depuis qu’il a remonté la pente (il va commencer une formation de patient expert à l’hôpital Bichat, à Paris), il a fait de la communication autour des addictions son cheval de bataille. Il veut participer à mettre fin à la honte et au silence qui entourent les consommations de produits. Élu CFDT au conseil social et économique (CSE), il est devenu une sorte de « référent addictions » dans son entreprise : « Léon Grosse est une entreprise familiale avec un engagement fort pour accompagner les personnes qui souffrent d’addictions », précise-t-il. Et qui a déployé un certain nombre d’actions (programme de sensibilisation des collaborateurs, projet de formation des managers, etc.).

Plus forts ensemble

Pouvoir aborder la question des addictions au sein des entreprises n’est pas encore la règle. Alors bien souvent, les groupes de parole sont le fait d’initiatives extérieures (services d’addictologie d’hôpitaux, associations…). Peu connus, les groupes des Narcotiques Anonymes, association à but non lucratif créée sur le modèle des Alcooliques Anonymes, entendent justement aider par la parole et le soutien entre pairs.

 

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