Corinne Dano, médecin du travail, addictologue au CHU d’Angers, nous partage son regard d’actrice.

La prévention du cannabis au travail est-ce facile à mettre en place par l’employeur ?
Etant illicite, sa présence et sa consommation dans l’entreprise sont interdites. Prévenir la consommation de cannabis sur le lieu de travail pouvant laisser supposer qu’il en circule peut expliquer que des employeurs hésitent à se lancer. Mais l’approche préventive collective en milieu professionnel évolue et se formalise, permettant à l’employeur d’impulser une démarche de prévention adaptée en collaboration avec les acteurs de prévention de l’entreprise dont le service de prévention et santé au travail (SPST).

Quelles actions potentielles de la part de l’employeur ?
• Une sensibilisation collective des salariés en lien avec le SPST qui peut être associée à d’autres actions de promotion de la santé : Mois sans Tabac, sommeil, attention et mémoire, qualité de vie au travail…
• La formation des membres du CSE et des managers aux conduites addictives et à la détection des signaux faibles afin de se sentir légitimes pour les repérer et en parler avec le collaborateur concerné.
• La réalisation de tests de dépistage salivaires à condition que ses modalités soient inscrites dans le règlement intérieur impliquant une négociation en amont avec les représentants du personnel et les membres du Comité sociale et économique (CSE). Précisons qu’un collaborateur a le droit de refuser le test et de demander une contre-expertise en cas de positivité.

Côté service de prévention et santé au travail ?
Les professionnels de santé au travail peuvent pratiquer des tests de dépistage s’ils le jugent nécessaire. Ceux-ci ne doivent pas se substituer à un repérage lors de l’entretien individuel. Le Repérage Précoce et l’Intervention Brève (RPIB) favorise la détection d’un mésusage, la prise de conscience du collaborateur concerné pour l’aider à modifier son comportement et l’orienter si besoin vers un professionnel spécialisé en addictologie.
Le SPST aide l’employeur à identifier les facteurs pouvant favoriser l’usage de cannabis dans l’entreprise et le conseille dans la démarche de prévention.

Des points à préciser ?
La prévention collective des conduites addictives est l’affaire de tous dans l’entreprise. Organiser une démarche de prévention primaire et secondaire contribue à prévenir les troubles liés à l’usage de substances psychoactives et facilite la prise en charge individuelle quand elle est nécessaire. L’implication de l’employeur dans cette démarche est essentielle.

Muriel Gutierrez (Amande épicée)

Retour