75 cl vs 50 cl : impact du volume d'une bouteille de vin sur la consommation domestique

Alcool

L’alcool est à l’origine de 42 000 morts évitables par an en France, 290 000 en Europe et 3 millions dans le monde. La réduction des risques est un enjeu de santé publique. Cela peut permettre une diminution sensible des maladies induites par une consommation chronique tel que les cancers, les pathologies cardiovasculaires et le diabète.

Les interventions les plus efficaces pour réduire la consommation d’alcool sont celles ciblant la publicité, l’accessibilité et la validité. Une autre cible potentielle est le volume des contenants. Cette hypothèse s’est déjà vérifiée vis à vis de la consommation de nourritures ou de boissons non alcoolisées.

Récemment, certaines études retrouvent une influence de la taille des verres sur la consommation d’alcool dans les restaurants. Lors de la réalisation de cette étude, l’impact de la taille d’une bouteille de vin n’avait pas été évaluée.

Le vin est l’alcool le plus consommé en Europe, majoritairement consommé à la maison. Le standard est la bouteille de 75 cl. L’impact des plus petites bouteilles est encore inconnu.

Elles ont le potentiel de diminuer la consommation, notamment en lien avec l’effort supplémentaire d’ouvrir une nouvelle bouteille.

Cependant, on peut également supposer que cela puisse majorer le volume des consommations en réduisant les limites que l’on se fixe pour des bouteilles plus volumineuses :  75 cl étant la norme, on peut se représenter une bouteille de 50 cl comme trop petite et donc multiplier les bouteilles lors des épisodes de consommation

L’objectif de Codling et al est de comparer la réponse des consommateurs aux bouteilles de vin de 75 et 50 cl.

Cette étude est randomisée, en cross over. D’octobre 2018 à juin 2019, 186 foyers ont participé à l’étude (ils recevaient 240 livres s’ils complétaient l’étude). Après avoir préalablement recueilli une estimation de la quantité habituelle de vin consommée, la consommation des foyers était évaluée sur 2 périodes de 14 jours entrecoupée d’une période de fonctionnement habituel, soit : (schéma ci-dessous)

– 14 jours durant lesquels ils obtenaient la quantité de vin souhaitée en bouteille de 75 cl ou de 50 cl
– une période de consommation habituelle sans évaluation
– 14 jours au second volume de 75 ou 50 cl.

Au 7e et 14e jour, le foyer envoyait des photos des bouteilles consommées.

Le premier résultat était le volume consommé en ml pendant la période estimée via les photos.
Le second était la vitesse évaluée par le nombre moyen de jours nécessaires pour consommer 1,5 l.

Après ajustement, les auteurs retrouvent une consommation légèrement plus importante de 191.1 ml sur la période bouteille de 75 cl versus 50 cl [95% (CI) = 42.03–339.2] or 4.5% (95% CI = 1.0–7.9%) et une consommation légèrement plus rapide. (95% CI = –10.9 to –0.4%)

La rapidité de la consommation et la quantité de vin pourraient être réduites par une diminution du volume des bouteilles.

On retrouve cependant d’importantes limites décrites par les auteurs dans cette étude. La consommation d’autres alcools n’est pas évaluée, on peut se poser la question d’une compensation.
L’estimation est réalisée par le foyer lui-même. (biais d’évaluation). Enfin, l’échantillon manque de représentativité.

Dans une logique de réduction des risques, il semble intéressant de pouvoir s’adapter au patient et de pouvoir mettre en place des stratégies quasi sur mesure. La possibilité d’avoir des bouteilles de volumes différents est un outil non négligeable.

Par Charles Lescut 

Accéder à l’étude