DROGUES / 15-30 ans : attention fragiles !

Préoccupés par un avenir incertain et un environnement instable, les jeunes se réfugient de plus en plus dans l’isolement ou la défonce. Les pédopsychiatres, les thérapeutes, les médecins qui les suivent les trouvent plus sombres que la génération précédente.

Alcool

«Plus sombres, plus anxieux » qu’il y a une dizaine d’années, les jeunes que reçoit la psychanalyste Catherine Audibert « ne vont pas bien, assure-t-elle. Je les trouve plus tristes. Leurs maux sont plus profonds, plus douloureux. Beaucoup ne croient plus en la politique, en l’avenir, en l’amour. Et un certain nombre d’entre eux se rabat sur des comportements addictifs ». En 2015 et pour la première fois après onze années de baisse, l’usage de cannabis a enregistré une hausse importante. « Les consommations des jeunes sont plus intenses, et les concentrations en THC [tétrahydrocannabinol, la principale substance psychoactive du cannabis, N.D.L.R.] sont cinq à dix fois plus élevées depuis une dizaine d’années, parce que les fabricants ont fait évoluer les cultures. La France est aujourd’hui en tête du peloton européen en termes de consommation de cannabis chez les jeunes », confirme David Gourion, psychiatre et ancien chef de clinique à l’hôpital Sainte-Anne, à Paris.

L’adolescence dure dix ans

Depuis quinze ans, les campagnes de prévention font chou blanc. Après la sortie des cours, dans les impasses, dans les squares, parfois même devant les bouches de métro, les joints s’échangent tranquillement entre collégiens ou lycéens qui ne prennent plus la peine de se dissimuler. La pratique n’a rien de transgressif. Elle est devenue courante et fait partie intégrante des rituels de socialisation. Et le trafic s’est banalisé. « Un grand nombre de petits dealers sont des lycéens de 16-17 ans pour qui vendre du cannabis est quelque chose d’absolument normal. Ils se font cinquante ou cent euros pour le week-end, n’ont pas vraiment conscience de ce que cela représente moralement et juridiquement », raconte le psychiatre. La consommation est de plus en plus précoce et elle se féminise. L’adolescence ne peut plus être envisagée comme un mauvais mais éphémère moment à passer. Pour reprendre une expression du psychiatre Daniel Marcelli, elle est désormais « un temps qui s’étend ». Elle ne dure plus deux ou trois années mais dix au minimum !

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