ALCOOL / Baclofène : pour le Conseil d’Etat, un verre à moitié plein ?

Alors que de grands alcooliques se disent sauvés par ce médicament, la question des effets secondaires à haute dose inquiète les autorités sanitaires. Une décision est attendue dans les prochains jours.

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Le baclofène est vraiment unique. Au point que l’aventure autour de ce médicament, hier utilisé comme myorelaxant puis massivement détourné pour soigner l’alcoolisme, se poursuit depuis dix ans avec des épisodes peu communs. Une décision du Conseil d’Etat sera rendue publique «dans les jours qui viennent» à fait savoir lundi l’institution. Elle fait suite à la requête d’une patiente qui contestait l’interdiction de le prescrire à haute dose, décrétée fin juillet par l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Cette dernière rendra dans quelques mois son verdict sur ce produit en lui accordant ou pas une autorisation de mise sur le marché.

De fait, on l’a oublié, mais le baclofène peut être aussi un vrai médicament, c’est-à-dire compliqué, incertain, parfois dangereux, à ne pas mettre en tout cas entre toutes les mains. Et parfois efficace. Le problème, comme pour bien d’autres molécules, est son «bon usage». «Le rapport bénéfice risque est nettement favorable à son autorisation à hautes doses, a affirmé sans hésiter, dans Ouest France, Thomas Maës-Martin, dont la femme a saisi le Conseil d’Etat. Bien sûr, il y a des effets secondaires au début, d’ordre psychiatrique essentiellement, raison pour laquelle ce médicament doit être donné par des médecins compétents. Mais cela passe au bout de trois mois et le baclofène peut sortir des gens de trente ans d’alcoolisme en quelques mois.» Et de poursuivre : «J’ai assisté à des miracles. Mon épouse, traitée depuis fin 2012, est passée de deux litres d’alcool par jour à zéro.» Difficile de formuler la moindre objection face à tel un miracle.

«Casse». Quid néanmoins de la question des effets secondaires ? Le professeur Michel Reynaud, qui a supervisé une des deux grosses études sur le baclofène, se montre, lui, mesuré. Regardons d’abord la situation : le baclofène était au départ prescrit comme relaxant musculaire dans les cas de sclérose en plaques. Depuis dix ans, porté par le succès du livre du Dr Olivier Ameisen, le Dernier Verre, et sous la pression de quelques médecins généralistes et surtout de centaines de malades, le baclofène est apparu comme un produit miracle pour lutter contre l’alcoolisme.