Halte à la banalisation de l'alcoolisation excessive

Prévention. Indissociables de la fête pour nombre de jeunes, les bitures express ou /binge drinking/ sont lourdes de conséquences. Des garde-fous s'imposent.

Alcool

Minuit, un samedi soir à Lorient. Une poignée de lycéens éméchés s’apprête à sortir en boîte. Sur la table, des canettes de bière et des bouteilles de vodka. « On préfère boire à la maison, ça coûte moins cher, explique Basile, 17 ans. Ça permet aussi d’être chaud au moment de sortir. On s’amuse tout de suite. »

Pour ces jeunes, pas de fête sans alcool : « L’avantage quand tu bois, c’est que tu te sens bien, tu te lâches, tu parles à tout le monde, renchérit Ambre. Et comme tout le monde a bu, si tu restes sobre, tu ne t’amuses pas. »

Ivresse à risques

Malgré la diminution de la consommation régulière d’alcool chez les jeunes (8,4 % en 2017 contre 12,3 % en 2014 d’après une étude Escapad de 2017), 44 % des adolescents (contre 48 % en 2014) interrogés déclarent au moins une alcoolisation ponctuelle importante (au moins cinq verres en une seule occasion) au cours du dernier mois.

Cela reste problématique. Une consommation importante d’alcool en peu de temps expose à de nombreux risques. En fauteuil roulant depuis ses 17 ans, Solène en sait quelque chose : « À un anniversaire, on avait beaucoup bu. Je suis montée sur le toit de la maison, pour le fun. Après, je ne me souviens de rien, sauf de mon réveil à l’hôpital. »

« Lorsqu’il atteint le cerveau, l’alcool dérégule les échanges entre les neurones, ce qui transforme les émotions et l’humeur, désinhibe, diminue les réflexes et la vigilance, explique le Dr Catherine Simon, psychiatre (1). Ainsi, l’ivresse favorise la prise de risques (conduite en état d’ivresse, rapports sexuels non protégés, chutes…) et peut entraîner de l’agressivité, voire des conduites suicidaires. » Au-delà d’une certaine quantité d’alcool, on peut aussi faire un coma éthylique, une perte de connaissance qui nécessite d’appeler en urgence le Samu.