Cet ouvrage historique, publié aux Editions Kero, nous raconte comment des boissons aussi emblématiques que la bière, le vin, les spiritueux, le café, le thé et le coca-Cola, boissons probablement les plus bues de nos jours, ont impacté l’histoire de l’humanité, ou du moins ont eu leur part d’influence dans son évolution. Au-delà de l’aspect gustatif et psychotropes, plus ou moins prononcé, de ces six boissons, leur consommation courante en tant que bien de grande consommation a pu influer sur les politiques mises en oeuvre, et même déclencher des conflits… L’humanité se construit aussi sur le rapport que chacun entretient individuellement ou collectivement à sa communauté d’intérêt, et les psychotropes ont toujours eu leur rôle à jouer, surtout quand ils sont ingérés, et plus précisément bus. La soif est inhérente à l’existence de l’homme, alors pourquoi pas la sublimer en ajoutant un petit plus à la nécessité de boire pour vivre ou survivre ou pour soumettre ces congénères et obtenir gain de cause. On a toujours su y faire avec ces boissons aux vertus psychoactives plus ou moins affirmées…
Un extrait de cet ouvrage résume parfaitement quels ont été les enjeux de la valeur à accorder à ces différentes boissons : « En plus d’offrir des alternatives plus sûres aux réserves d’eau contaminées qui étaient porteuses de maladie dans les villages humains, ces nouvelles boissons ont endossé divers rôles. On a utilisé nombre d’entre elles comme monnaies, dans des rites religieux, comme symboles politiques ou comme sources d’inspiration philosophique et artistique. Certaines ont servi à valoriser le pouvoir et le statut de l’élite, d’autres à soumettre ou apaiser les opprimés. On a privilégié diverses boissons pour fêter des naissances, commémorer des morts, forger et renforcer des liens sociaux ; sceller des transactions commerciales et des traités ; aiguiser les sens ou engourdir l’esprit ; administrer des remèdes salvateurs ou des poisons mortels. »
Raconter comment ces boissons ont occupé l’espace et l’histoire des hommes c’est s’immiscer un peu plus dans l’intimité des rapports humains et comprendre les liens entre des domaines aussi variés que l’agriculture, la religion, l’économie, la philosophie, la science et la médecine, domaines qui se sont emparés de ces breuvages pour les valoriser, les glorifier même parfois, les décrier, les bannir même parfois, ou simplement les utiliser à plus ou moins bon escient… Raconter leur histoire c’est aussi montrer comment elles ont participé à la rencontre de civilisations, au partage de connaissances et de cultures. Et c’est sûrement une des raisons pour lesquelles elles sont devenues universelles et ont traversé les siècles.
La bière, ce “pain liquide“ comme on l’a appelée, a nourri et enivré les hommes depuis peut-être les origines de l’humanité. Le vin, par son commerce international, a permis, entre autres, à son origine, la diffusion de certaines idées de la Grèce antique, et a occupé une place centrale dans la religion chrétienne. Des spiritueux, comme le rhum et le whisky, ont forgé des civilisations comme la civilisation américaine. Le café a introduit la création de ces lieux de rencontres et de vie où l’on a refait le monde. Le thé a été une source de commerce suffisamment étendue pour qu’il participe de la montée en puissance de l’impérialisme de la Grande-Bretagne. Et le coca-cola, enfin, a tant voulu s’imposer qu’il a été associé, et l’est encore, à une culture économique capitaliste source de tensions entre deux blocs, Est et Ouest, à une certaine époque, et d’une bataille aujourd’hui entre partisans et opposants à la mondialisation… Ces boissons ont endormi, réveillé ou au moins bousculer les cerveaux des hommes, et même si les dégâts sanitaires de certaines d’entre elles ne sont pas développés dans cet ouvrage, il n’est pas question de taire la place qu’ils ont occupée dans ce qui constitue notre histoire commune à tous…