Depuis mars, les étudiants sont confinés comme le reste de la population, mais souvent dans des studios de petite taille et loin de leurs proches. Leur quotidien est bousculé, l’angoisse qu’engendre la crise sanitaire complique le vécu de ce confinement, d’autant que l’absence de perspective dans leurs études et leur vie professionnelle est une inconnue supplémentaire.
Pour Claude Vedeilhie, psychiatre et président de l’ANPAA en Bretagne, cette situation est problématique pour un grand nombre de jeunes que ce soit pour leur santé mentale ou lorsqu’ils ont des addictions.
Il alerte sur le fait que « les jeunes se retrouvent dans une déstructuration du quotidien alors qu’en temps normal leur vie est rythmée pour la plupart par les études. Certains étudiants n’arrivent plus à trouver des repères, d’autres ne parviennent plus à s’organiser et à donner sens à leur travail. La difficulté de se connecter à internet ou l’absence de revenu est d’autant plus problématique pour eux. Pour les étudiants retournés au sein de leur famille, cela peut s’avérer être une situation compliquée entre les conflits familiaux et les parents s’immisçant dans la vie de leurs jeunes adultes, sans oublier les étudiants étrangers, isolés dans les Cités U ».
Le confinement peut dès lors conduire à un accroissement des pratiques addictives chez les jeunes.
À Rennes, Claude Vedeilhie constate que le rapport aux produits psychotropes a changé : « Rennes c’est un lieu festif avec beaucoup de comportements de binge-drinking. Ce type d’alcoolisation massive n’est plus présent avec le confinement, mais il y a une alcoolisation plus régulière avec les visio-apéros. Alors que les étudiants ont plus tendance à s’alcooliser le jeudi et vendredi soir, on constate que leur consommation d’alcool, si elle est moins importante, devient plus régulière ». D’autres problématiques émergent, comme celle de l’approvisionnement en produits stupéfiants.